Narcisse Martin

Eglise d'Arras N°18

La tombe de Narcisse MARTIN à Baltimore Pèlerinage à Waldorf  
La tombe de Narcisse MARTIN à Baltimore
La tombe de Narcisse MARTIN à Baltimore
Narcisse Martin : Pour beaucoup de lecteurs d’Eglise d’Arras, ce prénom et ce nom ne déclenchent, hormis la curiosité, aucun réflexe particulier. Ce prêtre vient pourtant d’attirer aux Etats-Unis une délégation de 21 membres, originaires du Pas-de-Calais.
 
Né le 31 décembre 1845 à Aire-sur-la-Lys, Narcisse étudie  à Saint-Omer, puis au séminaire d’Arras. Ordonné prêtre à Rodez, le 10 octobre 1869, il entre dans la Compagnie de Saint Sulpice. Il fait partie des formateurs des séminaires de Rodez, d’Autun et de Montréal. En 1883, il demande à être transféré au séminaire de Baltimore. Fidèle thomiste, il y enseigne la philosophie et la théologie. Toujours selon son souhait, il est nommé, en 1885, dans la même ville, aumônier de l’hôpital Sainte Agnès.
 
                En 1894, Le Père Martin obtient de ses supérieurs la possibilité de devenir curé de paroisse. Il arrive à Saint Pierre de Waldorf, dans l’état de Maryland, à une trentaine de kilomètres de la capitale fédérale des Etats-Unis, Washington. Il y mourra le 6 août 1923.
 
                Ce pasteur a profondément marqué  ses paroissiens pendant trois décennies. Son empreinte a laissé de telles traces que des prêtres et des  fidèles désirent ardemment que la vie et le ministère de Narcisse Martin soient soigneusement étudiés pour être données, si l’Eglise en décide ainsi,  comme modèles aux croyants d’aujourd’hui.
 
                Le Père Martin a développé le sens de l’Eucharistie, la plaçant au cœur de l’existence et de la mission chrétienne. Il fut très attentif à l’éveil des vocations sacerdotales et au ministère des prêtres. Dans la société des Etats-Unis qui se bâtissait à partir de communautés humaines différentes, il fut un artisan infatigable de l’unité.
 
                En 2009, des paroissiens et des disciples de Narcisse Martin ont voulu retrouver les racines de leur vénéré pasteur. Ils sont venus jusqu’à Aire-sur-la-Lys. Des contacts se sont noués. Tout naturellement des Airois ont, à leur tour, franchi l’Atlantique pour répondre à l’invitation qui leur avait été adressée. Ils ont eu la délicatesse de me prier de me joindre à eux.
                C’est peu dire que de reconnaître que nous avons été accueillis à bras ouverts ! Comme beaucoup de participants français, je découvrais les Etats-Unis, une partie de leur population, de leur culture, de leur histoire. Nous avons partagé bien des richesses. Nous avons retrouvé la trace des semailles du Père Martin et nous en avons récolté les fruits. Les portes, les foyers et les cœurs se sont ouverts. Nous avons mesuré la pleine signification de la parole du psaume : « Voyez ! Qu’il est bon, qu’il  est doux d’habiter en frères  tous ensemble ! [1] »
 
                Aller vers l’autre, être reçu par lui et chez lui constitue une expérience humaine toujours dynamisante. Il est merveilleux et décapant  à la fois, d’accepter l’altérité de la langue, des coutumes, des valeurs. Il  fut aussi heureux de partager la même foi, une réelle amitié, une volonté commune d’être, à l’exemple de Narcisse Martin, des bâtisseurs de l’avenir.
 
                Nous sommes trop souvent victimes de l’opinion, de l’étroitesse et de la suffisance. Il suffit d’un peu de bonne volonté et de lucidité pour reconnaître que nous ne pouvons rien les uns sans les autres. Tout est possible quand nous œuvrons les uns pour les autres.    
       
                L’aventure initiée par Narcisse Martin se poursuit. Un prêtre de chez nous a humblement annoncé l’Evangile loin de son pays et de sa région d’origine. Il a contribué à la construction humaine et spirituelle d’une communauté paroissiale qui devait surmonter les divisions liées à ses origines.
 
                Ce qui a été réussi par des hommes et des femmes habités par la même Parole divine éclairés par la même foi, nourris par les mêmes sacrements, saisis par la même charité, guidés par le même pasteur peut encore se réaliser, aujourd’hui, par-delà les frontières.
 
                A une époque où la planète devient le jardin commun, la modeste expérience de l’amitié et de la fraternité entre Waldorf et Aire-sur-la-Lys, sous l’égide de Narcisse Martin, donne une âme et un sourire à tous les calculs qui tentent avec plus ou moins de succès d’éviter des catastrophes économiques, financières et sociales. L’Evangile et l’attachement au Christ demeurent des valeurs qui ne connaîtront jamais la dévaluation. Frères de Waldorf nous vous attendons avec impatience ! Si Narcisse Martin vous a donné un peu, vous avez beaucoup à nous offrir !
 
+ Jean-Paul JAEGER
[1] Psaume 133, 1.

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