Partir et rester

Lettre N°13 - Eglise d'Arras

Au terme d’une année apostolique et à l’aube de la période estivale, il n’est pas interdit de sourire en remontant le cours de l’histoire. 

Je partage avec vous la lecture d’une lettre écrite en 1957 par Monseigneur Victor-Jean Perrin, évêque d’Arras, au curé d’une paroisse en Algérie qui lui demandait de mettre à sa disposition un prêtre du Pas-de-Calais. Le document se passe de commentaire !

 

« Monsieur le Curé,

 

                  Votre lettre m’a bien touché car j’y ai admiré le juste souci d’un prêtre pour son diocèse et je savais, par N … qui en a conservé un souvenir reconnaissant, les soins que vous aviez eus pour les débuts de sa vocation. 1960 Arras - Enfants de choeur et séminaristes 1960 Arras - Enfants de choeur et séminaristes  © ArrasPourquoi ne puis-je pas répondre à votre demande et vous le prêter durant quelques années, où il serait si bien pour ses débuts de ministère ? C’est qu’en dépit des apparences, nous sommes dans la plus grande pénurie. Le diocèse d’Arras qui compte 1 300 000 habitants classés comme catholiques et 950 paroisses rurales n’a vu arriver cette année à la prêtrise que 6 prêtres alors qu’il lui en faudrait 25 pour correspondre au nombre moyen des décès. Aussi sommes-nous en grosses difficultés, d’autant que la multitude des petites paroisses rurales gène l’équilibre de notre répartition et les paroisses de 15 000 âmes ne peuvent, comme la vôtre, avoir que 2 vicaires : encore ne les ont-elles pas toujours ! J’ai des curés sans vicaire avec 7 000 habitants ! La crise est encore accentuée par la disproportion qui commence à se faire sentir entre le jeune clergé et celui d’un certain âge, car je ne puis remettre vicaires ceux qui sont déjà nommés curés et ce sont les premiers qui me manquent le plus cruellement.

 

                  Ne voyez pas dans ces lignes un plaidoyer pro domo qui s’excuse de devoir refuser, mais quelqu’un qui se soulage en disant ses soucis à un prêtre capable de les comprendre. Les misères dorées ne sont pas les plus faciles à supporter. »  

 

                  Plus sérieusement, je souhaite un repos bien mérité à celles et à ceux qui pourront s’évader et donner du temps à l’essentiel si souvent sacrifié sur l’autel de l’urgent. Cet autre rythme est bienfaisant pour la famille, les amis, les voisins. Quel bonheur de pouvoir enfin s’arrêter pour écouter, comprendre, s’émerveiller, découvrir et partager. ! Cette ouverture du regard et du cœur suscitera peut-être une attention plus grande à l’égard des personnes qui ne partent pas, bien quelles en éprouvent le même désir que d’autres. Nous ne pouvons pas n’être à leur égard que des vacanciers.

 

                  Nous n’oublierons pas la gratitude que méritent les professionnels et les bénévoles qui rendent possible les vacances. Elles nous permettront aussi de faire halte devant Dieu qui, au cours de l’année, nous a facilement trouvés sur la liste des abonnés absents !

 

                  Si vous acceptez de vous lever tôt une seule fois pendant la rupture estivale, retenez le 1er août 2007. Je fais volontiers mienne l’invitation lancée par les Scouts et Guides de France du diocèse qui, dans le cadre du centenaire du scoutisme, renouvelleront leur promesse, en même temps que leurs homologues du monde entier, à 8 heures dans les jardins et sur la plage de Nausicaa, à Boulogne-sur-Mer. Nous nous souviendrons avec eux que c’est à cette heure de la journée qu’a eu lieu la première célébration de la promesse !

 

                  Si vous êtes plutôt oiseaux de nuit, volez donc jusqu’à Condette pour fêter les 20 ans de la maison des Tourelles, à partir du 11 août. Le spectacle et la convivialité sont garantis.

 

                  Ces manifestations s’ajoutent toutes celles qui ponctuent fidèlement les mois de juillet, août et septembre

 

                  Non, le diocèse ne va pas sommeiller pendant l’été. La mission se met simplement au diapason de la douce musique de l’été !

       

+ Jean-Paul Jaeger