Il est venu, il reviendra.
Eglise d'Arras n°20
Sur ls pas de Jésus en Terre sainte Du 18 au 28 novembre, 103 pèlerins du diocèse d’Arras se sont rendus en Terre Sainte. Cette démarche était prioritairement proposée aux catéchistes du diocèse. Elle clôturait l’année de la Foi ouverte par Benoît XVI. Elle s’est élargie à d’autres fidèles, venus parfois de diocèses assez éloignés de celui d’Arras.
Le périple commencé au désert, continué à Nazareth et sur les bords de la Mer de Galilée, a mené ensuite à Bethléem avant de s’achever à Jérusalem. Les haltes de découverte, de proclamation et d’approfondissement de la Parole de Dieu, de pénitence, de célébration de l’Eucharistie ont également permis d’heureuses et riches rencontres.
Les lieux d’itinérance de nos pères dans la foi, de prédication des prophètes, de la naissance, de la mission, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu constituent, hélas, de façon quasi permanente, des espaces de confrontation, de division, de conflits, d’occupations et de blessures si peu conformes à l’histoire et aux événements qui s’y sont déroulés.
La diversité des religions monothéistes issues de la même racine ne doit pas surprendre, mais leur nombre provoque l’étonnement. Les Chrétiens résidents sont peu nombreux, la prolifération d’Eglises rappelle cruellement qu’aujourd’hui encore l’unité voulue par le Christ lui-même est sérieusement mise à mal.
Les données politiques difficilement compréhensibles par nos logiques cartésiennes contredisent cruellement le message d’Amour et de fraternité délivré depuis des siècles, surtout par la Mort et la Résurrection de Jésus, en Galilée, en Samarie, en Judée.
L’avenir permettra-t-il aux Israéliens de vivre en paix aux côtés des Palestiniens ? Les premiers pourront-ils vivre en sécurité et les seconds constituer une nation indépendante ? Les griefs seront-ils dépassés, les humiliations oubliées ? La paix et la justice, la reconnaissance mutuelle, la coopération nécessaire auront-elles le dernier mot ? Tous le souhaitent, même si des intérêts divergents amenuisent régulièrement les plus beaux espoirs. Nous entendons souvent dire qu’enfermés dans leur propre système, les responsables politiques ne pourront jamais, par leur seul poids, leur influence et leur fonctionnement, résoudre les problèmes humains qui se posent aux communautés présentes sur ce terrain chaotique.
Des hommes, des femmes, des jeunes cherchent au fond d’eux-mêmes et dans leur foi les ressources qui leur permettront de modifier le cours de choix et de décisions fratricides. L’aspiration à un avenir commun est bien réelle, même si les contours en sont encore flous.
Dieu a parlé, le Fils de Dieu s’est fait chair. Un pèlerinage nous apprend à quel point il est encore urgent et nécessaire de crier : « Viens, Seigneur, nous t’attendons. » L’humanité n’a pas encore, tant s’en faut, accueilli les dons de Dieu. Elle a trop confiance en elle-même pour désirer et recevoir les richesses d’un Amour qui peut faire couler en elle la source de vie qu’elle s’imagine pouvoir trouver dans ses propres ressources.
Sur la terre parcourue par le Christ, trop de signes attestent que la conversion des cœurs, des mentalités, des regards, des structures est loin d’être achevée. Ce constat nous renvoie à toutes les limites, notamment les nôtres, qui habitent l’être humain et son parcours.
La gestion commerciale et festive des semaines qui nous projette déjà dans la consommation de Noël risque d’occulter le temps de l’Avent. Tant mieux si la naissance du nouveau-né de Bethléem demeure une joyeuse et féconde perspective pour la société de ce temps. La hâte ne doit pas brûler l’étape de l’attente, de la lucidité, de l’appel. Nous ne sommes pas meilleurs et plus fidèles que les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans de Terre Sainte. Les mêmes pauvretés et faiblesses nous traversent et nous séparent même si leurs expressions et leurs ravages prennent un caractère moins belliqueux et politique. Nous savons combien il est difficile de vivre ensemble et d’entrer résolument dans la constitution de la famille humaine et de travailler à sa croissance, selon le projet de Dieu.
A l’école du prophète Isaïe, de Jean-Baptiste et de la Vierge Marie, il nous faut sortir de nous-mêmes et de nos forteresses et attendre Celui dont la venue vient nous combler. Il est tout proche de nous ! Nous ne le guetterons pas en vain !
+ Jean-Paul JAEGER