La Parole du Seigneur
Eglise d'Arras, 3 décembre 2010
Nous parcourons les étapes du temps de l’Avent.
Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, est déjà venu chez les hommes, Il a pris chair de la Vierge Marie.
Pour notre salut, Il est mort, Il est ressuscité. Il est entré dans la Gloire.
Pourtant l’Eglise et l’humanité attendent toujours le Seigneur.
Il reviendra à la plénitude des temps,mais il ne cesse jamais de faire irruption dans la vie et l’histoire des hommes. Il s’invite et sollicite leur accueil.
Dans l’opacité de nos existences, nous sommes appelés à toujours recevoir Celui en qui nous passons de la mort à la vie. Il est là, mais nous crions vers Lui. Nos yeux et nos cœurs aveuglés ne font encore que pressentir toute la richesse et la force d’un Amour qui nous rend libres et nous fait vivre. Au rythme de l’année liturgique, nous ne pouvons que crier : « Viens Seigneur ! » Célébrer l’attente et la venue du Christ, c’est nous laisser davantage unir à Lui et communier à son mystère.
Pour stimuler notre désir, le pape Benoît XVI nous fait le cadeau d’une exhortation apostolique : « Verbum Domini.» Elle constitue la part personnelle de la réflexion du pape qui reprend celle du synode des évêques qui s’est déroulé à Rome, en octobre 2008.
Dans notre diocèse, cette intervention papale arrive à point nommé pour couronner et enrichir notre démarche de rassemblement et de mobilisation pour l’annonce de l’Evangile et la catéchèse. Nous trouverons dans les propos de Benoît XVI un soutien et une nourriture pour mettre en œuvre, poursuivre et parfaire nos chantiers pastoraux. Ils rappellent l’urgence d’une relation approfondie avec Dieu qui se révèle dans sa Parole. Ils soulignent la nécessité d’en vivre, de la proclamer et de la mettre en œuvre. Les Maisons d’Evangile, Graines de Parole, Dimanche - Parole en fête, le guide pour les célébrations de la ¨Parole, et, bien sûr, notre projet diocésain de catéchèse épousent parfaitement la perspective tracée par Benoît XVI.
Le Saint Père nous aide à remonter à la source. Sous sa plume, nous percevons pourquoi et comment « nous sommes placés face au mystère de Dieu qui se communique Lui-même par le don de sa Parole. » La Sainte Ecriture ne sera jamais pour le croyant un texte figé : Dieu parle. L’homme est appelé à lui répondre. L’être humain ne peut pas vivre sans être à l’écoute de la parole de Dieu.
Une réception totalement personnelle de l’Evangile risque d’enfermer chacun dans sa subjectivité. Nul ne peut s’approprier la Parole de Dieu s’en rendre maître. Elle est lue, reçue et interprétée en Eglise, à la lumière et sous la mouvance de l’Esprit Saint. Il y aura toujours un lien intime entre la Parole de Dieu, la nature et la mission de l’Eglise. Il est alors facile de comprendre que la liturgie constitue le lieu privilégié de la Parole de Dieu. Elle est indissociable de la totalité de la vie sacramentelle.
Avec une insistance particulière, le pape précise que tous les baptisés sont responsables de l’Annonce de la Parole de Dieu. Nous ne nous attarderons jamais trop sur les passages qui orchestrent une intuition forte de Benoît XVI : « La Parole de Dieu pousse l’homme à des relations animées par la droiture et la justice ; elle atteste la valeur précieuse, face à Dieu de tous les efforts de l’homme pour rendre le monde plus juste et plus habitable. »
Les conséquences que tire le pape ne manqueront pas de bousculer quelques idées reçues et des pratiques qu’une vraie relation à la Parole de Dieu remettent en cause à propos de la justice, la paix, la famille, la culture, les migrations, le dialogue interreligieux.
Le jour de Noël, nous fêterons, selon la formule empruntée à Saint Jean la venue chez les siens du « Verbe fait chair.» Nous ne devons jamais nous lasser d’ouvrir nos cœurs à Celui frappe à notre porte. Le pape nous y convie : « Je rappelle que notre relation personnelle et communautaire avec Dieu dépend de l’accroissement de notre familiarité avec la Parole divine … Que chacune de nos journées soit donc façonnée par la rencontre renouvelée du Christ, le Verbe du Père fait chair. » Munis de ces paternelles recommandations, nous pouvons guetter dans l’espérance le jour qui bientôt va se lever pour l’humanité !
+ Jean-Paul JAEGER