Dimanche ou lundi
Arras, Pentecôte 2006Le sera-t-il ? Ne le sera-t-il pas ? Comme elle fut plaisante, pour les uns, désagréable pour les autres la réponse à cette devinette ! Pour qui le lundi de Pentecôte serait-il férié ? Pour qui serait-il un jour de labeur ordinaire ? Quel casse-tête pour comprendre quelles portes seraient ouvertes et lesquelles resteraient closes ?
Il fut tellement question du lundi que personne n’a songé à rappeler que la Pentecôte se célèbre le dimanche et qu’elle n’est pas d’abord destinée à valoir une journée de congé à des Français qui, pourtant, tiennent dur comme fer à la séparation des Eglises et de l’Etat !
Dimanche de Pentecôte, nous avons vécu ensemble la réalisation de la promesse de Jésus. Ressuscité et retourné vers son Père, il avait promis à ses apôtres de ne pas les abandonner, mais de leur envoyer d’auprès de Dieu, une force, une Lumière, un Défenseur : L’Esprit-Saint. Il leur ferait comprendre tout ce que Lui, Jésus, leur avait enseigné et dont ils seraient, eux, les apôtres, témoins, dans le monde de leurs temps.
La tradition rapporte qu’il y eut un grand vent. Des langues de feu vinrent se poser sur les onze apôtres. Marie, la Mère de Jésus, était avec eux. Mais à leur grande stupeur, ils ne sont pas seuls bénéficiaires des dons de Dieu. Tous les assistants, pèlerins venus à Jérusalem, sont saisis par le même et unique Esprit.
Ils ne sont plus des étrangers les uns pour les autres. Ils se comprennent, comme s’ils faisaient soudain, partie de la même famille ! Les bienfaits de Dieu ne sont pas pour quelques-uns, fidèles parmi les fidèles. Ils sont pour tous, au service de tous.
Le Dimanche, vrai jour de Pentecôte, nous avons vérifié dans notre cathédrale d’Arras que la Parole de Dieu, les gestes de Dieu, l’Amour de Dieu, l’Esprit de Dieu donnent vie à notre Eglise.
Savez-vous que chez nous des hommes, des femmes, des jeunes originaires de plusieurs dizaines de pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique, d’Océanie et de notre vieille Europe chantent les louanges du même Seigneur ?
Ils sont bénéficiaires du même Salut en Jésus-Christ, participent à la même Eucharistie, reçoivent la même mission ? Oui, ils sont réellement les membres de la même famille de Dieu, rassemblée, pour sa part, dans le Pas-de-Calais.
Ce pourrait être la cacophonie. Par respect pour la Parole de Dieu, faut-il écouter l’Evangile debout, comme en Europe ou assis comme en Afrique ? Pour prier Dieu faut-il longuement rester en silence, selon les enseignements de la tradition monastique occidentale ou marcher vers l’autel en chantant et dansant, selon la pratique vietnamienne. Personne n’a raison, personne n’a tort. Aucun ne fait mieux que l’autre. Nous sommes riches des trésors que le Seigneur a mis dans le cœur et dans la tradition de chacun.
De grâce ne perdons pas le sens de la Pentecôte. Dieu nous dit que nous ne pouvons pas l’aimer si nous entretenons les guerres, les haines, les divisions, les rejets entre les personnes, les races et les peuples. C’est Lui qui par son Esprit, fait de la diversité des hommes le merveilleux bouquet de son Amour.
N’oublions pas la Pentecôte quand notre pays réfléchit à nouveau sur l’immigration. La fête n’apporte pas la solution aux problèmes. Elle nous dit que derrière des questions politiques, il y a des visages, des frères et des sœurs. En les voyant ainsi, nous ne faisons plus les choix de la même manière. La Pentecôte est passée par-là, et ce n’était pas lundi, mais dimanche !
+ Jean-Paul JAEGER