Veillée pascale - Homélie de Mgr Jaeger
Baptême de catéchumènes à Béthune saint Vaast.
Nous avons dû nous limiter à quelques passages de la Sainte Écriture, mais dans cette nuit, nous aurions aimé passer des heures et des heures à faire mémoire de toute l'histoire du peuple de Dieu, à faire mémoire de notre propre histoire et à raconter l'histoire de toute l'humanité.
Pendant des siècles, Dieu a manifesté son amour de multiples façons aux hommes qu'il avait façonnés dans son amour et aux hommes avec lesquels il a fait de façon permanente alliance. Etendons ces belles images entendues chez Isaïe et chez Ézéchiel. Ce sont des poèmes d'amour qui font écho à l'amour de ce père qui a voulu créer l'homme à son image, merveille des merveilles, et qui lui a donné une terre pour qu'il l'habite, qu'il lui fasse produire ses fruits et qu'elle soit le reflet de cette humanité.
Oh oui, nous pourrions encore entendre d'autres récits, plus beaux, plus parlants, plus amoureux les uns que les autres. Mais dans le même temps, il nous faut aussi entendre le cri de pauvreté, de souffrance de l'être humain qui se sépare de son Seigneur et qui vit à l'envers, qui s'imagine qu'il est, lui, le maître du monde, qu'il est, lui, l'origine et la source de l'amour, qu'il est celui qui peut donner sens par lui-même, par sa volonté, par son désir et parfois par son égarement. Et Dieu n'a jamais cessé d'aimer jusqu'au jour où il nous a envoyé son bien le plus précieux, son fils Jésus Christ qui pouvait, lui seul, nous dire, nous manifester concrètement l'amour de ce père et pour nos dire cet amour. Jésus nous a parlé et il nous a surtout donné sa vie.
Hier soir, nous l'avons laissé au tombeau. Mais l'amour et plus fort, plus puissant que tout. Et nous avons vu s'élever la flamme de la vie nouvelle. Nous avons vu s'allumer la flamme qui dit que désormais, le Christ est vivant, que parce qu'il a aimé, il a triomphé de la peur, de la crainte, de la faiblesse, du pécher et il est à tout jamais vivant. D'une certaine manière, il le mériterait. Et toute l'histoire que nous avons évoquée culmine dans le Christ. Le Christ qui rassemble en lui toute l'œuvre d'amour de son père et qui redonne cette miséricorde, cette tendresse à l'être humain qui s'en était séparé parce qu'il s'était égaré.
Mes amis, nous ne sommes pas venus ce soir simplement faire mémoire des l'histoire du Christ, même si cette histoire pourrait se suffire à elle-même. Saint Paul nous disait tout à l'heure que nous avons été nous aussi saisis par le Christ, et que nous sommes morts avec lui, et que si nous vivons, c'est de sa vie que nous vivons. L'histoire du Christ n'est pas simplement la sienne. Elle est devenue la nôtre. Et ce soir, c'est notre histoire, notre histoire personnelle, l'histoire du peuple des croyants que nous célébrons et que nous vivons.
Chers amis, nous connaissons notre faiblesse, nous connaissons notre pauvreté, nous connaissons nos égarements, nous connaissons notre péché. Mais ce soirs, notre péché est resté dans le tombeau du Christ et nous sommes déjà vivants de sa vie nouvelle.
Quelle joie et quel bonheur pour chacun et chacune d'entre nous. L'histoire du peuple de Dieu, l'histoire de l'incarnation du Fils de Dieu, l'histoire de la mort sur la croix et de la résurrection du Fils de Dieu, c'est notre histoire et c'est notre vie qui, ce soir, resplendit et rayonne. Et c'est pour cela que parmi nous, nous allons baptiser celles et ceux qui se sont préparés à proclamer leur foi, à se laisser saisir par le Christ, à entrer dans sa vie et dans son histoire, dans sa mort et dans sa résurrection pour resplendir dans notre monde, dans la vie quotidienne qui est la leur, et dans la notre, de tous les feux de l'amour de notre Dieu. Être baptisé, c'est passer avec le Christ de la mort à la vie. C'est être libéré de toutes les formes d'esclavage comme le rappelait le récit de la mer des Roseaux. C'est être recréé à l'image même de Dieu malgré toutes les faiblesses, toutes les pauvretés, toutes les peurs, toutes les craintes qui peuvent nos habiter. L'amour est plus fort que tout. Il est vainqueur de la mort. Baptisés, nous accueillons ce don que Dieu nous fait de sa propre vie pour que nous puissions en vivre et la partager avec tous nos frères.
Le baptême, la confirmation, l'eucharistie nous unissent étroitement au Christ et nous unissent les uns aux autres pour que nous soyons ensemble la famille de Dieu, nous soyons cette Église qui a pour mission de donner le signe de l'amour du Seigneur à notre humanité.
Avec celles et ceux qui seront baptisés dans quelques instants, nous nous laissons entraîner dans cette vie nouvelle qui est source de joie et de bonheur pour tout être humain. Car cette histoire du peuple de Dieu, cette histoire du Christ, notre histoire par le baptême, la confirmation et l'eucharistie, c'est aussi l'histoire de toute l'humanité. Certes, Dieu a choisi un peuple. Le Christ a constitué son Église et nous en faisons partie ou nous en ferons partie dans quelques instants par le baptême, la confirmation et l'eucharistie. Mais Dieu aime toute l'humanité. Et nous revenons en quelques sortes au point de départ de notre veillée quand Dieu a appelé tout homme à la vie.
C'est encore à cette vie d'amour, de joie, de paix, d'espérance, de bonheur que Dieu appelle chaque être humain qu'il le connaisse ou qu'il ne le connaisse pas encore, mais nous avons la mission d'aller comme les femmes qui visitent le tombeau vers nos frères porter le joyeux message : Jésus est vivant et il nous fait vivre avec lui.
Chers amis, nous sommes un peu comme les femmes qui arrivent au tombeau de Jésus avec leurs préoccupations. Oh, une noble préoccupation. Elles veulent rendre hommage à celui qui est mort et que l'on a dû enterrer à la hâte parce que le Sabbat approchait. Elles se demandent qui va rouler la pierre. Préoccupation humaine tout à fait légitime. Mais le tombeau est vide et leur vie est bouleversée. Un messager leur dit que Jésus est vivant et qu'il faut partir annoncer la bonne nouvelle à tous ceux qui l'ont suivi et à tous ceux qui voudront bien l'entendre. Message qui jaillit au cœur de l'histoire des hommes et qui vient donner un sens à cette histoire.
Ce soir, nous sommes à notre tour envoyés, comme les femmes, annoncer à tous nos frères que le Seigneur vient leur donner la vie, viens leur donner son amour, la joie et l'espérance.
En poursuivant cette célébration par le baptême, la confirmation, par la rénovation des engagements de notre baptême si nous avons déjà été baptisés, nous accueillons cette joyeuse nouvelle : le Christ est ressuscité, il est vivant et nous sommes envoyés pour le dire au monde entier. C'est la source du bonheur des hommes que cette joie rayonne aujourd'hui en nous et par nous pour que, dans leurs difficultés et dans leurs épreuves, nos frères puissent accueillir l'espérance que Dieu nous donne dans son immense amour. Alleuia !
Mgr Jaeger