Entre deux scrutins

Appelés à donner les signes du Royaume

 

Les Français savent désormais qui sera pour les cinq ans à venir, Président de la République. Nos vœux accompagnent la personne et la mission du premier responsable de la destinée de notre pays et de sa population. Il n’est pas interdit d’y ajouter notre prière.

 

Les commentateurs et observateurs ont unanimement salué et souligné l’élan démocratique qui s’est manifesté à l’occasion du récent scrutin présidentiel. Des hommes et des femmes de toutes générations, des jeunes notamment, ont débattu, ont interrogé, ont dialogué, ont voté.

 

Ce sursaut doit nous réjouir. Rien ne serait cependant,  plus regrettable que d’abandonner maintenant à l’élu d’aujourd’hui et aux députés de demain la charge « de faire de la politique », en attendant les prochaines échéances. Les Français ont, bien entendu, choisi et choisiront celles et ceux qui exerceront des responsabilités spécifiques  pour le bien de tous. Le bulletin de vote n’occulte pas,  pour un temps, une implication qui concerne tous les citoyens et les engagent.

 

Il serait tout aussi dangereux de croire que chaque individu, chaque groupe a le droit d’attendre que les intérêts individuels ou les revendications catégorielles l’emportent sur toutes les autres considérations.

 

La France aurait retrouvé, dit-on, le goût de la politique. Bravo, si elle veille  à ce que ses dirigeants et représentants se mettent effectivement au service de l’épanouissement de chaque personne, de sa dignité, du respect qui lui est dû ! Hélas, si chacun se bouscule au portillon de la politique pour lui arracher la reconnaissance et la satisfaction d’intérêts égoïstes et partisans.

 

La politique est souvent dans nos mémoires et notre pratique terrain de joutes, de divisions, d’oppositions.  Il est normal que le suffrage universel désigne des vainqueurs et des perdants.. Un scrutin ne trace pas pour autant les limites d’un champ clos remis entre les mains jalouses d’une personne, d’un ou de plusieurs partis.

 

Tous les ressortissants d’un pays doivent, de façon permanente, prendre leur part de la construction d’une communauté humaine, d’une nation, d’une solidarité hexagonale, européenne et mondiale. L’investissement de chacun  ne  peut pas être  remis à quelques-uns.

 

L’Eglise elle-même partage avec ses fidèles une belle et haute conception de l’action politique. Il ne lui revient pas de décider qui doit gouverner ou représenter les citoyens. Elle sait, cependant, et doit montrer comment le service des hommes porte des fruits de paix, de justice et de fraternité quand il se met à l’écoute de la Parole de Dieu.

 

Non, la page ne se tourne pas pour les uns quand les autres assument les obligations de leurs mandats. Tous, à la mesure des talents respectifs, sont appelés  à donner dans les réalités de ce monde les premiers signes du Royaume que Dieu propose à l’humanité. Le meilleur des programmes électoraux ne peut à lui seul promettre cet avènement. Dieu le confie à tous ses enfants.           

 

 

 

 

 

                                                                                  + Jean-Paul JAEGER