Ressuscités !

 

croix croix   Quelle mouche les a donc piqués ? Les futurs baptisés de Pâques voudront bien me pardonner de parler d'eux de façon si cavalière. Leur démarche m'émerveille et m'étonne à la fois. Comme vous et moi, ils respirent l'air de notre siècle. Celui-ci n'exhale pas spécialement le parfum de la foi ! Et voilà qu'à vingt, trente, quarante ans et plus, des hommes et des femmes vont entrer dans la longue lignée des chrétiens.

 

Rien ne les obligeait à recevoir ce sacrement. Il y a belle lurette que la pression sociale, la cohésion familiale ne jouent plus un rôle déterminant dans ce type de décision. Une conception relativiste de la tolérance libère l'individu de toute forme de contrainte religieuse.
L'image souvent négative de l'Eglise diffusée par les courants d'opinion ne constitue pas un élément d'attraction susceptible de lui donner de nouveaux enfants. Rien, non vraiment rien, ne saurait raisonnablement justifier le nombre croissant de catéchumènes adultes, la joie réelle et sincère qu'ils éprouvent à être greffés sur le Corps du Christ.
Ce qui s'est passé en eux ne nous appartient pas. Un jour, ils ont emprunté le chemin de Damas et ils ont été "saisis" par le Christ [1]. Certains ont croisé des témoins par qui leur a été révélée la Bonne Nouvelle. Une épouse, des enfants, des amis, un événement heureux ou douloureux ont ouvert leur cœur et l'ont préparé à une rencontre décisive. Elle surprend toujours.
Jésus-Christ a fait irruption dans la vie de ces pèlerins de notre monde et l'a bouleversée. Pour eux, Il est quelqu'un, Il vit. Il leur révèle l'amour du Père. Son Esprit va habiter en eux. L'Evangile ne constitue pas un simple livre de sagesse, il est vraiment Bonne Nouvelle. Une extraordinaire lumière baigne leur existence. Les futurs baptisés de Pâques ont compris qu'en Jésus-Christ, ils sont libérés et sauvés.
.Dans la nuit de Pâques, avec leurs frères catéchumènes, tous les baptisés vont renoncer au mal, au péché, proclamer leur foi au Dieu Père, Fils, Esprit-Saint, en l'Eglise, en la résurrection de la chair, en la vie éternelle. Ils seront, à nouveau, marqués de l'eau du salut. Mesureront-ils à sa juste valeur le séisme qui se produit en chaque être par le baptême?
 
Héritier d'une belle et vénérable tradition, la plupart des catholiques de France ont été plongés dans l'eau baptismale au temps de leur naissance. Ils ont dû progressivement laisser se déployer en eux la richesse du don de Dieu. L'accoutumance en a souvent atténué la force. La familiarité de la foi chrétienne qui devait être un atout s'est parfois limitée à un comportement commun dont la vigueur s'est engourdie.
Depuis plusieurs années, les évêques de France rappellent aux fidèles l'urgence de proposer la foi. Ils leur demandent finalement de retrouver le dynamisme de leur baptême. Que s'est-il passé au jour où leurs parents les ont menés au baptistère ?
Sans doute répétaient-ils le geste accomplis par leurs devanciers et souhaitaient-ils sincèrement que leurs enfants entrent dans l'alliance avec Dieu. Le Seigneur qui voit le fond des cœurs sait l'authenticité que peut cacher une tradition. Ces parents savaient-ils que toute l'existence du petit être de chair présenté au baptême brûlerait désormais du feu d'une autre Vie à tout jamais liée à la sienne ?
Saint Paul décline l'identité des baptisés : « Vous êtes morts avec le Christ et votre vie reste cachée avec Lui en Dieu. » [2] Mourir et vivre. Ces deux mots résument admirablement l'itinéraire des chrétiens. C'est avec le Christ et en Lui qu'ils le parcourent.
Pour les fils et les filles de l'Eglise, il n'est pas de mission plus impérieuse et urgente que de manifester à l'humanité ce lien vital qui l'unit au Christ. L'homme s'égare quand il cherche à se donner la vie, la négocier, l'acheter, la trafiquer. Il se perd lorsqu'il dilate à l'extrême des capacités, des aspirations, des projets qui n'ont pas été purifiés par le passage de la mort à la vie. Il fait fausse route s'il s'imagine se réaliser lui-même et éclairer son semblable sans revêtir le Christ. [3]
Le mystère de l'homme se saisit dans le mystère du Christ : « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c'est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts. [4]»
Loin d'isoler du monde, le sacrement y conduit. Le don de la vie nouvelle ouvre à chaque bénéficiaire la route de la sainteté. Remodelés à l'image du Fils de Dieu mort et ressuscité, nous sommes des créatures nouvelles marquées par la grâce. Au même instant, nous sommes envoyés pour témoigner de ce que nous avons reçu dans l'humilité et le quotidien de l'existence.
Dans les combats que doit affronter la société actuelle, il serait stupide et suicidaire de jouer l'adhésion au Christ contre l'efficacité, le credo contre la solidarité, le baptême contre l'engagement.
 
A la suite des baptisés de Pâques, tout le Peuple de Dieu est convié à se laisser à nouveau entraîner par le Christ. Il ne craint pas que se referme à jamais sur lui les eaux de la mort. Le Seigneur le mène au port de la vie. A l'homme qui veut tout gagner, l'Eglise a l'audace de proposer la mort. Le pari semble aujourd'hui périlleux et inadapté. Nous croyons, oui, nous croyons depuis le matin de Pâques qu'il reste à jamais l'unique voie qui restaure les hommes dans leur dignité de « vivants pour Dieu en Jésus-Christ. [5] »
Frère, Sœur, qu'as-tu fait de ton baptême ? Sois dans la joie, le Ressuscité en ravive en toi la puissance.

Alléluia!

 

+ Jean-Paul JAEGER


 

 

[1] Cf. Philippiens 3, 12.
[2] Colossiens 3, 3.
[3] Galates 3, 27.
[4] Romains 6, 3-4.

[5] 1 Corinthiens 5, 8.

 

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DEUX HOMMES, UNE MISSION

 

 

 

 
 
Le Mardi Saint, mars 2008, à l’occasion de la Messe Chrismale Monseigneur Laurent ULRICH, précédemment archevêque de Chambéry, évêque de Maurienne et de Tarentaise, deviendra officiellement le 7ème évêque de Lille. Il sera solennellement accueilli en la cathédrale Notre Dame de la Treille, le dimanche 30 mars.
 
                                    Mes premiers contacts avec Monseigneur ULRICH remontent à l’époque où jeune évêque de Nancy, je retrouvais régulièrement le tout jeune Vicaire général du diocèse de Dijon dans le cadre de l’Instance Régionale Evêques-Prêtres de la région apostolique Est.
 
                                    Depuis le mois de novembre dernier, nos rencontres sont encore plus fréquentes, puisque le Conseil Permanent de la Conférence des Evêques de France nous appelle, l’un et l’autre, chaque mois à Paris.
 
                                    La joyeuse et fraternelle équipe des évêques de la Province ecclésiastique de Cambrai comprendra désormais deux « Bourguignons » et deux  «Chtis. » En cette période de notoriété cinématographique du Nord-Pas-de-Calais, chacun verra dans cette composition les présages qu’il veut et qu’il peut !
 
Elle continuera à coup sûr, et pour sa part, à faire briller, sans fausse modestie, l’étoile du L.A.C. dans le firmament de l’Eglise en France.
 
Mille mercis à Monseigneur DEFOIS qui nous surprendra encore. Bienvenue à Monseigneur ULRICH. Notre amitié et notre prière les accompagnent tous deux.
 
 
 + Jean-Paul JAEGER