Voici le chemin...

Lettre de Mgr Jaeger, Eglise d'Arras n° 20, décembre 2009

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« Tout et tout de suite ! » Tel est l’un des principes qui oriente la vie quotidienne de l’enfant gâté. Sans grande imagination, il est immédiatement possible d’en ajouter un second : « Comme je veux et quand je veux ! » A la mesure de ces deux préceptes, dans notre société, bien des adultes deviennent ou redeviennent des enfants.

 

Une fois de plus, dans un monde qui se fait gloire de satisfaire toutes ses aspirations « en temps réel », l’Eglise apparaît décalée et ringarde. Elle invite les fidèles à attendre. Elle s’en remet à autre qu’elle-même pour accueillir le salut.

 

Plus tard … Un autre … La délivrance : tous les ingrédients d’une soupe à la grimace sont réunis pour déconcerter une humanité qui veut mordre la vie à belles dents et s’en remettre à son savoir, ses capacités, ses besoins. Elle veut et peut tout. Pourquoi se priverait-elle de donner libre cours à ses envies ?A l'entrée du lac de Capharnaüm Le Jourdain  
A l'entrée du lac de Capharnaüm
A l'entrée du lac de Capharnaüm

 

 L’histoire du Peuple choisi par Dieu nous fournit le modèle permanent de l’aventure humaine. Livrés à leurs seuls appétits et à leurs volontés souveraines de les assouvir, les individus, les groupes, les collectivités, les peuples engendrent les conflits, les haines, les guerres et les divisions. Tout indique qu’il doit y avoir une erreur de casting dans le déroulement d’un scénario qui se voulait pourtant une production à grand succès !

 

Le temps de l’Avent ouvre pour nous une voie dans la quête permanente d’accomplissement qui hante l’humanité. Elle ne sera vraiment elle-même que dans la relation à Dieu dont elle s’affranchit imprudemment. Elle guette le messie, le guide, le pasteur qui la libérera de ses anxiétés et de son égarement. Dieu ne l’abandonne pas dans sa servitude. Il la relèvera.

 

Gémir vers Dieu, revenir à Lui, ouvrir le cœur à ses bienfaits, se préparer à les accueillir. Ces quelques attitudes rencontrent la certitude du prophète Isaïe : « Quand tu crieras, le Seigneur se penchera vers toi. Dès qu’il t’aura entendu, il te répondra. Dans l’angoisse, le Seigneur te donnera du pain, et de l’eau dans la détresse. Celui qui t’instruit ne se dérobera plus, et tes yeux le verront. Quand tu devras aller ou à droite ou à gauche, tes oreilles entendront celui qui te dira : ‘Voici le chemin, prends-le ! »

 

Dans ces semaines qui nous séparent encore de Noël, dans un dialogue d’amour, Dieu nous redit la vérité sur nous-mêmes : « Je suis le seigneur ton Dieu. Je te prends la main droite, et je te dis : ‘Ne crains pas, je viens à ton secours.’ Ne crains pas, Jacob, faible vermisseau, Israël, misérable mortel. Je viens à ton secours, déclare le Seigneur ; ton rédempteur, c’est le Dieu Saint d’Israël. »

Dieu nous manifeste également la vérité sur nos frères. Pas plus que Dieu, nous ne pouvons les ignorer ou les mépriser : « Les petits et les pauvres cherchent de l’eau, et il n’y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, le Seigneur, le les exaucerai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. »

 

A l’occasion de leur récente assemblée plénière, les évêques de France se sont interrogés sur les nouvelles formes de pauvreté. Ils ont adressé une lettre aux communautés chrétiennes, à l’issue de leurs travaux. Elle résonne d’une manière particulière au moment où nous allons célébrer la venue chez les hommes du Fils Bien-aimé qui accomplit en sa chair la promesse du Père. Je vous en confie, à nouveau, un extrait :

 

« Disciples du Christ, nous nous sentons davantage pressés par sa charité, en ce temps de crise économique et sociale. Les pauvretés d’aujourd’hui sont peut-être moins nouvelles que radicales par suite de la détérioration fréquente du tissu familial, l’insuffisance des logements, l’augmentation du chômage, la dégradation des coûts de production dans le rural. Solitudes, addictions, fragilités psychiques accentuent chez beaucoup le sentiment d’exclusion. »

 

Le temps de l’Avent nous est offert pour la conversion qui nous fera dire avec le Christ au matin de Noël : « Me voici, Seigneur, je suis venu faire ta volonté. » Ces mots et cette attitude nous ouvrent les portes de l’avenir !

 

 

 

+ Jean-Paul Jaeger