Du prix aux yeux de Dieu.

Eglise d'Arras 4-2011

 Regarde ton frère ccfd Regarde ton frère ccfd   Le début de l’année 2011 fera date dans l’histoire. Ce constat s’applique à des événements internationaux. Il a également valeur à l’intérieur de nos frontières.


Deux peuples viennent, coup sur coup, de revendiquer liberté, justice, reconnaissance et responsabilité. Leur combat n’est certainement pas achevé, mais ils viennent de remporter des batailles décisives.


Pour le moment, tout semble indiquer que ces mouvements, de façon étonnante, ne sont pas portés par des idéologies, des groupes, voire des religions. Des hommes, des femmes, souvent jeunes, se sont soulevés parce qu’ils avaient le sentiment que leur dignité était bafouée et confisquée par des régimes corrompus plus soucieux de servir les intérêts de clans que de répondre aux attentes des populations.
 

En d’autres lieux de la planète, la révolte gronde. L’inacceptable souvent toléré et même entretenu par les démocraties est dénoncé et rejeté. Des aspirations authentiquement humaines se manifestent. Elles se sont presque coalisées d’elles-mêmes, manifestant ainsi que les philosophies, les sagesses, les paroles peuvent être muselées ou asservies, mais pas le désir d’être homme. Voilà qui est rassurant en des lieux et des temps où les valeurs marchandes ont fait la loi au risque d’entraîner toute une partie de l’humanité dans le chaos !


Les Tunisiens, les Egyptiens et d’autres ne sont pas au bout de leur peine. Il ne suffit pas d’abattre, il faut construire. Nous leur souhaitons de bénéficier de l’aide et du soutien de pays qui ont défendu quand il le fallait les valeurs humaines. Nous ne nous pouvons pas oublier la tentation récurrente de ces mêmes pays. Ils ont trop souvent laissé émerger des élites propulsées sur une autre planète que celle qu’habite la majorité de leurs concitoyens. Nous ne sommes pas toujours les vertueux démocrates que nous devrions être. L’appel de peuples qui se libèrent nous invite, au minimum, à un sérieux toilettage de notre art de vivre ensemble !
 

A l’heure de ce bouillonnement international, le parlement français examine, à nouveau, les lois de bioéthique. Le travail des élus n’est pas terminé. Il serait prématuré de tirer des conclusions. Une chose est sûre. La réflexion a gagné en qualité. Elle ne se limite pas à mettre en valeur le désir bien compréhensible d’individus, de personnes, de couples spontanément portés à faire appel à des techniques. Celles-ci doivent leur permettent de compenser une déficience de la nature ou de satisfaire une aspiration à laquelle la nature ne peut pas répondre.
 

Il est, désormais, possible d’affirmer que le désir et l’aspiration ne sont pas souverains. Il apparaît plus clairement, aujourd’hui, que la capacité scientifique et technique de faire ne suffit pas à justifier la réalisation. Un enfant ne peut jamais être enfermé dans le désir de ses parents. Il ne peut qu’être voulu pour lui-même et en dehors de toute forme de manipulation. Admettre qu’un enfant est un don et jamais un dû, c’est le vouloir libre et espérer qu’il n’aura jamais à se construire et à se libérer lui-même par la force et la violence.


Certes, la mort brutale et sauvage de deux jeunes de notre région, la rétention de deux journalistes, les doutes qui planent sur le sérieux de la condamnation de Florence Cassez obscurcissent, près de nous, le tableau de cette humanité qui se cherche et s’affirme.


« Pour faire un homme, mon Dieu que c’est long ! » avons-nous chanté. C’est le labeur de tous et de chaque instant. La clarté n’est pas encore la pleine lumière, mais elle la promet à celles et à ceux quoi la cherchent et l’accueillent.
 

L’expérience chrétienne révèle que la victoire de l’homme est acquise dans la mort et la résurrection du Fils de Dieu fait homme. Dans ce passage et cette communion, la Vie nous est donnée. Cette certitude peut paraître décourageante et onéreuse. Nous croyons qu’elle constitue la réponse à tous les cris de l’humanité. Pour le dire et en témoigner, avec conviction et douceur, nous faisons route avec la caravane humaine !

 

+ Jean-Paul JAEGER