Un douloureux et salutaire réveil

Église d'Arras N°11

Elaboré à la demande de Jean-Paul II Compendium de la Doctrine sociale de l'Eglise  
Elaboré à la demande de Jean-Paul II
Elaboré à la demande de Jean-Paul II
Dans moins d’un an maintenant, les Français éliront un président ou une présidente de la République. Ce choix revêt une importance capitale. Je ne parle pas, bien évidemment, du résultat !

 
            La sauvegarde de la planète, la gestion de la dette, les relations européennes et mondiales, la recherche d’énergies nouvelles et durables, l’emploi des jeunes, la prise en charge du troisième et du quatrième âge, les migrations, le développement des peuples, le réveil démocratique ne constituent encore que quelques-uns des enjeux de la prochaine mandature présidentielle.
 
            Ces vastes chantiers méritent l’engagement concerté du plus grand nombre de nos concitoyens. A des niveaux divers, ils sont appelés à s’investir dans la construction d’une société qui ne peut pas se voiler la face devant des évolutions qui la bousculent et la conduisent à s’adapter, à réagir et à créer, plutôt qu’à subir. Nous sommes-nous résolument engagés sur cette voie ? Nous pouvons en douter.
 
Le directeur démissionnaire du Fonds Monétaire International a quelques ennuis avec la justice américaine. Elle, seule, pourra dire, du moins nous l’espérons, qui est victime et qui est coupable dans une surprenante affaire. L’homme est également connu sur le terrain politique français. Il fut ministre à deux reprises et les sondages lui ouvraient déjà pour 2012 les portes de l’Elysée !
 
            Comme beaucoup sans doute, je n’ai nulle compétence pour émettre le moindre jugement sur une situation dont les données m’échappent. Je devine, cependant, qu’elle est source d’immenses souffrances, plus profondes, cachées et réelles sans doute qu’un immense tapage médiatique ne le laisse supposer.
 
            La pudeur et le respect nous commandent au-delà de la voracité de l’opinion de ne pas oublier que des êtres humains sont en jeu et qu’ils doivent être traités comme tels. Aucun ne doit être rabaissé au rang d’instrument. La voix du plus faible doit être entendue autant que la voix du plus puissant. Par ailleurs, la richesse et la notoriété ne sont pas synonymes de culpabilité.
 
Ce triste épisode donne à tous une nouvelle leçon d’humilité et de vérité. Depuis plusieurs mois, les Français sont saturés d’hypothèses, de rumeurs, de petites phrases. Le harcèlement médiatique prend les commandes d’une campagne électorale prématurée. Il entend régler le ballet des candidatures et des programmes. Il somme l’un de se déclarer, l’autre de rentrer dans le rang. La France, malgré les impératifs de la constitution, le calendrier des partis politiques, les intentions des personnes, joue aux élections.
 
            La vie et la réalité sont, hélas, plus cruelles que les calculs, les intrigues et l’appétit insatiable de l’information. Un fait divers suffit à affoler la boussole des devins et des sages. Dans l’adversité, l’humanité reprend ses droits et rappelle qu’elle n’est pas manipulable à l’infini.
            Tant pis pour celles et ceux qui avaient déjà écrit le scénario des élections présidentielles de 2012. L’épreuve va peut-être nous ouvrir les yeux. Une élection présidentielle doit permettre à un peuple de prendre son avenir en main, d’ouvrir des perspectives et de prendre les moyens de promouvoir une vie citoyenne juste, paisible et solidaire. Le peuple en est l’acteur et le bénéficiaire principal.
 
            Tout voulait nous faire croire que le suffrage universel était au service de quelques-uns, qu’il avait pour seul but de faire triompher un champion qui l’emporterait sur ses concurrents, de mettre sur pied un idole que le quotidien déboulonnerait probablement aussitôt. Le peuple ne serait alors que le spectateur d’une histoire dont il aurait remis les clés à l’homme ou à la femme dont la providence, le destin ou la chance lui ferait la grâce de le doter.
 
            Fallait-il attendre un événement aussi humain que dramatique pour découvrir et comprendre que la politique est d’une toute autre nature ? La doctrine sociale de l’Eglise peut assurément rendre de fameux services à celles et ceux qui voudront bien se mettre à son école. Je ne saurais recommander aux fidèles du diocèse de la travaillent et de s’y référer au cours des mois qui viennent. Bon travail !
 
+ Jean-Paul JAEGER