Au dela du calendrier, l'Evangile

Eglise d'Arras n°21

Crèche et Sapin de la Maison Diocésaine d'Arras 20   Que devient Noël ? Dans le domaine social, la fête se porte plutôt bien. Elle déclenche un phénomène annuel de forte consommation. Elle rassemble les familles, gâte les enfants. Noël fait toujours rêver. Il y a plus dans la contemplation de la crèche qu’un moment d’attendrissement. Au cœur des difficultés et des angoisses, la célébration de Noël appelle l’être humain à retrouver les richesses enfouies en lui-même et en ses semblables. En 2012, il est encore possible d’affirmer que Noël joue un rôle social non négligeable.

Personne ne récuse ce constat. Derrière ce paravent social se cache cependant une autre réalité. Au fil du temps, la fête de Noël s’est détachée de sa signification profonde. Elle fait partie de notre héritage chrétien. Dans l’Eglise, les fidèles se rassemblent pour célébrer la venue du Fils de Dieu en notre chair pour le salut de l’humanité.
 
Pendant longtemps, l’Eglise offrait en quelque sorte la fête de Noël à une société qui se réglait sur elle pour partager des valeurs communes susceptibles d’assurer sa cohésion. Tout se passe comme si, aujourd’hui, la société s’approprie une manifestation à laquelle l’Eglise doit se contenter de donner une des significations possibles. 
 
Nous ne pouvons pas oublier que pour célébrer la naissance du Christ, l’Eglise a, en quelque sorte, christianisé une fête païenne de la lumière. La démarche semble s’inverser : Noël se déploie loin de l’Eglise, même si les églises seront nettement plus fréquentées qu’à l’ordinaire, le 24 et le 25 décembre.
 
Ce changement de perception confie une mission nouvelle au Peuple de Dieu. Il ne peut pas renoncer à annoncer comme une Bonne Nouvelle pour toute l’humanité la présence et la tendresse de Dieu qui se fait homme. Cette donnée de notre foi ne peut pas se diluer dans la magie de Noël, même si l’Eglise aurait tort de récuser le phénomène.
 
A l’occasion de Noël, nous découvrons mieux la raison d’être d’une année de la foi et d’un appel à la nouvelle évangélisation. En cette bienheureuse circonstance, le témoignage des croyants apparaît comme une option parmi d’autres. L’Eglise est perçue comme un réservoir de significations, mais elle n’a aucun monopole en ce domaine. Il revient à chaque personne de se bâtir son projet de Noël quitte à y intégrer la nostalgie de la messe de minuit.
Nos communautés ne se résignent pas à s’isoler pour célébrer Noël à la lumière de la Parole de Dieu, de l’enseignement de l’Eglise. Elles ne remplissent pas leur mission si elles font chorus avec un environnement humain qui noie Noël dans une débauche d’achats et l’éblouissement d’illuminations temporaires.
 
Annoncer un Dieu qui se fait pauvre et faible en un enfant, c’est évidemment courir le risque de l’incompréhension. Sortir de l’imaginaire pour entrer dans l’existence quotidienne de nos contemporains conduit à casser la dynamique de l’illusion.
 
L’unanimité autour de Noël existe probablement encore. La même dénomination renvoie cependant à des réalités et à des aspirations différentes. Sans bouder la fête, le Peuple de Dieu est invité plus que jamais à permettre à nos contemporains d’en vivre toute l’authenticité : « Pour nous, les hommes et pour notre Salut, il descendit du ciel. Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme. » La foi et l’évangélisation nous appellent à aimer, à dire et à en témoigner avec la douceur de Celui qui est venu chez les siens.
 
+ Jean-Paul JAEGER