Un conclave

Eglise d'Arras n°06

Pape Francois Pape Francois   Nous savons désormais la date du début du conclave. Il s’ouvrira le 12 mars prochain. Il est vraisemblable qu’au moment où les lecteurs d’Eglise d’Arras prendront connaissance de ces lignes, Le successeur de Benoît XVI sera connu.

 
Des écrivains, des journalistes, des responsables de tous ordres se sont largement répandus dans les colonnes de journaux, sur les écrans de télévision, les sites internet et les réseaux sociaux pour commenter l’événement. Même celles et ceux qui aspirent à signer l’acte de décès des religions, en général, de l’Eglise catholique en particulier, sont accourus au chevet de la grande malade qui, décidément, n’en finit pas d’occuper l’espace, le temps et l’intérêt.
 
Une fois de plus, l’Eglise étonne et déconcerte. Ses cardinaux vont voter. Aucun candidat n’est déclaré, personne n’a fait campagne. Certains d’entre eux ignorent encore à peu prés tout de celui pour lequel ils voteront finalement afin qu’il passe le cap des deux tiers des votants qui assurent l’élection.
 
Dans la chapelle Sixtine, les électeurs n’attendront pas une soudaine manifestation céleste qui guidera les mains au moment où il faudra rédiger les bulletins de vote. Ils savent, cependant, en cet instant solennel qu’ils demeurent des serviteurs. Ils gardent leur pleine responsabilité, mais ils entendent bien rester les instruments d’une volonté qui les dépasse et qui les porte.
 
Lors de la prière matinale, les cardinaux, comme les prêtres du monde entier, continueront à lire le livre de l’Exode que l’Eglise met sur leurs lèvres et dans leur  cœur pendant le temps du carême.
 
Ce texte biblique montre à quel point Dieu agit et réalise son projet d’Amour à travers les événements et les péripéties de l’histoire. Le Seigneur trace son chemin dans l’enthousiasme et les infidélités, les réussites et les échecs, l’audace et les lâchetés.
 
Au cours du pontificat de Benoît XVI comme avant d’ailleurs, l’Eglise dans le monde, à Rome a été confrontées à des situations qui ont mis en lumière l’humanité de ses membres. Elle a dû reconnaître ses fragilités. En sa propre personne, le pape a reconnu des limites qui l’ont amené à renoncer à l’exercice de sa charge.
 
Certains regretteront l’ébranlement d’une puissance qui fut, au moins en Europe, la matrice des cultures et le réservoir naturel des valeurs. Cette remise en question ne nuit en rien au rayonnement évangélique de l’Eglise. Elle le dégage de ses ambitions temporelles. Elle lui permet d’engendrer d’authentiques disciples du Christ qui puiseront dans leur foi plus que dans une autorité extérieure l’énergie nécessaire à la construction d’un monde qui reflète l’Amour de Dieu et s’en nourrit.
 
Un pape affronte et doit résoudre, bien évidemment, une foule de questions concrètes. Nous ne pouvons, cependant, pas oublier qu’il n’est pas le pape de la France, mais de l’Eglise universelle et qu’il s’adresse au monde. Ce n’est pas l’homme de tous nos remèdes qui apparaîtra la semaine prochaine à la loggia centrale de la Basilique Saint Pierre. Quels que soient sa nationalité et son parcours. Il nous sera donné pour l’affermissement de notre foi.
 
Tracer le programme obligé d’un futur pape revient une fois de plus à installer l’Eglise dans la stratégie d’un pouvoir à sauvegarder, à conquérir ou à reconquérir. Ne demandons pas au pape de nous permettre par des décisions appropriées de retrouver ou de disputer à d’autres des parts de marché. Il est légitime de parler des attentes qui peuvent être formulées. Jésus lui-même les a parfois comblées et plus que comblées ! L’essentiel et le cœur de la foi nous mènent, cependant, au-delà et loin de nos attentes. Qui attendait un messie qui livrerait sa vie sur une croix ? Si Dieu vient à nous, il nous faut  accepter de suivre sa route comme le firent naguère les Hébreux au sortir d’Egypte.
 
A l’heure où je rédige ce message, il m’importe peu de savoir qui sera le prochain pape. J’ai simplement le désir de lui dire déjà : « Saint Père, apprends-nous la vraie pauvreté qui ne nous laisse plus que le Christ, son Evangile, sa mort et sa résurrection pour toute richesse afin que les hommes aient la Vie ! »
 
Plaise à l’Esprit Saint d’entendre ma prière !
 
+ Jean-Paul JAEGER