Conférence épiscopale Lourdes Ouverture

Discours d’ouverture par le cardinal André Vingt-Trois

Mgr Jaeger invite à lire le discours de Mgr Vingt-Trois pour l'ouverture de l'assemblée plénière des évêques de France

 

Le texte complet sur le site de la Conférence des évêques

Voir aussi Le jour du Seigneur

Extraits.

 

1. Les Journées Mondiales de la Jeunesse.


CEF-eveques-groupe CEF-eveques-groupe    Cette assemblée s'ouvre dans un climat européen assez sombre. Beaucoup de nos concitoyens sont saisis par une réelle inquiétude pour leur avenir. Aussi, il me semble bienvenu que nous puissions ouvrir nos travaux par un retour en forme d'action de grâce sur ce que nous avons vécu cet été avec les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui se sont justement déroulées en Europe alors que la crise continuait de faire sentir sa pression.


Il me semble que, à travers cette forte expérience spirituelle des jeunes, notre Église en France peut se féliciter du signe qui est ainsi donné à nos concitoyens. Dans un climat d'incertitude sur l'avenir, la mobilisation forte de cinquante mille jeunes constitue une espérance pour notre Église et, plus largement, elle dit quelque chose sur la jeunesse de notre pays. Elle manifeste que cette jeunesse n’est pas sans ressource ni sans capacité d'engagement. Dans une société vieillissante, nous voyons qu'il y a de nouvelles forces pour construire la société de demain.


Mais nous devons aussi entendre les questions de ces jeunes, qui sont bien éloignées des débats des générations précédentes. Nos générations ont connu un certain besoin de s'émanciper d'institutions qu'elles jugeaient trop contraignantes. En retour, les générations nouvelles expriment souvent une sorte de désarroi intérieur. Elles craignent de n'avoir pas reçu par leur éducation les éléments nécessaires à la structuration de leur personnalité. C'est pourquoi, nous ne devons pas trop vite qualifier d'« identitaires » leurs recherches de certitudes et de signes d'appartenance. Il nous faut prendre le temps et les moyens de chercher a répondre a ces attentes nouvelles, en comprenant mieux la culture qui se fait jour, marquée entre autres par internet et par les réseaux sociaux.

 

2. Un vent de crise.


CEF-messe-andre-vingt-trois CEF-messe-andre-vingt-trois  La crise européenne que nous traversons n’est pas simplement, comme certains le disent parfois, une crise de la gouvernance qui se résoudrait par des alternances démocratiques, ni une crise de la distribution des revenus dont on sortirait en réduisant quelques salaires scandaleux. C'est véritablement une crise du système. Je l'ai dit ici et ailleurs a plusieurs reprises, et je n'y reviens pas davantage aujourd'hui. Mais puisque nous entrons en campagne électorale, il me parait juste de le souligner pour tenter de cerner, à partir de là, quelques-uns des risques et des enjeux de cette campagne. La déclaration du Conseil Permanent Elections : un vote pour quelle société ?, a déjà fourni des éléments de réflexion que je ne fais que compléter.
 

Le premier risque, qui n'est pas illusoire si nous comprenons ce qui se passe depuis quelques semaines, serait de croire que l'enjeu des élections à venir est de choisir simplement un homme ou une femme, et de se laisser enfermer dans une sorte de comparaison des personnalités...
Le second risque serait de nourrir l'illusion que, dans la crise actuelle, un programme, si élaboré et si sérieux soit-il, viendra facilement à bout des difficultés auxquelles nous sommes confrontés… Il convient que les hommes et les femmes politiques affrontent leur mission avec lucidité et franchise, pour que nous puissions espérer sérieusement qu’ils l'accomplissent avec succès. Ce serait mépriser les électeurs que de leur faire croire que tout va s’arranger moyennant quelques corrections à la marge. Celles et ceux qui vont briguer nos suffrages doivent avoir déjà le courage politique de dire clairement les contraintes de l’avenir, et de montrer qu’ils sont résolus à affronter les insatisfactions.
Le troisième risque serait de laisser croire que nous pouvons indéfiniment continuer de vivre à crédit. En accumulant les déficits et le poids de la dette, qui obère les investissements pour l’avenir, on consommera les chances des jeunes générations et on mettra sur leurs épaules un fardeau insupportable…


Enfin, nous voyons que les tentations de repli et de fermeture de l'Europe ne sont pas imaginaires. Non seulement nous sommes tentés de rejeter à la mer (hélas ! il ne s’agit pas seulement d'une image) ceux qui viennent chez nous poussés par la misère, mais nous venons de vérifier que nous pouvons être tentés de laisser certains pays européens sombrer pour sauver notre fragile équilibre… Comme l’a rappelé récemment avec force le document du Conseil Pontifical Justice et Paix, les solutions sont à chercher dans la concertation internationale et la mise en place d’instances de régulation fiables.

 

3. Chrétiens dans ce monde.


C'est dans ce contexte difficile que nous sommes appelés à témoigner de l'Evangile dans notre société démocratique et notre état laïc. Au cours de l'année écoulée, nous avons vu fleurir des tentatives pour exprimer dune manière renouvelée le pacte républicain de la laïcité. Peut-être cet exercice aurait-il été plus fécond si les enjeux avaient été clairement exprimés. S'agissait-il meilleure mise en œuvre de la laïcité ou d'une nécessaire adaptation d'un certain nombre de règles publiques à l'émergence de l'islam en France ? …
Notre regard ne se limite pas à l'Hexagone et aux Territoires et Départements d'Outre-mer. Nous sommes en communion étroite avec tous les chrétiens dans le monde et plus spécialement avec ceux qui souffrent brimades et persécutions au nom de leur foi. Nous pensons à certains pays musulmans où des chrétiens sont châtiés et lourdement condamnés. Nous pensons à la liberté de changer de religion qui n'est pas universellement reconnue. Nous pensons à nos frères des Eglises orientales qui doivent supporter de graves injustices et même des sévices dans certains pays du Moyen-Orient. Nous pensons aux coptes, catholiques et orthodoxes, et à leur inquiétude devant l'évolution de l'Egypte.
Plus largement, notre sympathie pour ce que l'on a appelé le «printemps arabe » et l'avènement d'une certaine démocratie dans plusieurs pays ne doit pas nous aveugler. Nul ne sait ce qui sortira des urnes dans ces pays. Les observateurs occidentaux seront sans doute surpris de voir que la démocratie n'aboutit pas nécessairement à un état laïc et qu'elle peut ouvrir la voie à d'autres solutions…


Quoi qu'il en soit, nous voulons redire à nos frères orientaux que nous ne les oublions pas et que nous suivons attentivement leurs efforts pour rester dans le pays de leurs ancêtres et pour demeurer acteurs d’une histoire dont ils ont souvent été une des composantes les plus actives et les plus éclairées. Quand le danger mortel devient insupportable, nous veillons à ce qu'ils soient accueillis du mieux possible et à ce qu'ils puissent s'intégrer à notre société. Nous croyons aussi que nos efforts pour développer en France des relations civilisées avec les autres religions, et en particulier avec l’Islam, peuvent contribuer à changer quelque chose à leur situation dans les pays musulmans. Le vingt-cinquième anniversaire récemment célébré de la rencontre d'Assise à été l’occasion de mettre en lumière la responsabilité partagée des religions dans le service de la Paix. Il a donné lieu à des rencontres entre les religions dans différents diocèses de France. Ce fut l’occasion de manifester publiquement que, contrairement à certaines thèses complaisamment diffusées, les religions ne sont pas nécessairement des causes de violence et de guerre, mais au contraire des artisans de la paix. Nous sommes aussi en profonde communion avec nos frères d’Afrique…

 

4. Notre assemblée.


[NDLR : Dans cette 4ème partie Mgr Vingt-Trois énonce les sujets pour la session : faire le point des dossiers, (groupe Environnement et Ecologie, groupe Rassemblements dominicaux) ; relecture des statuts de l'Enseignement Catholique ; élections à la tête de plusieurs commissions ; élections en vue du synode sur la nouvelle évangélisation à l'automne 2012. La réception du Motu Proprio Porta fidei
Mgr Vingt-Trois conclut en rappelant la volonté de Benoît XVI de joindre : le synode pour la nouvelle évangélisation, l'anniversaire de l'ouverture du Concile, celui de la publication du Catéchisme et l'année de la foi. “Tout cela s’inscrit dans le droit fil des démarches de Paul VI et de Jean-Paul II”.]
Texte complet sur le site de la Conférence des évêques

 

 

La doctrine sociale en site web

 
www.doctrinesociaIe-cathoIique.fr
Là crise économique et financière redonne, d'une certaine manière, toute son actualité .à la doctrine sociale de l’Église, c'est-à-dire au questionnement par les chrétiens des mécanismes qui régissent les sociétés, à la lumière de sa tradition et; de la recherche théologique. Ce nouveau site, élaboré par le Ceras (Centre jésuite de recherche et d'action sociales) et qui sera présenté officiellement à la Conférence des évêques à la fin de Janvier, devrait rendre ce patrimoine chrétien accessible au plus grand nombre Si le premier objectif est de donner un présentation exhaustive de tous les grands textes du magistère, le site offre aussi, par un système de renvoi et de mise en perspective, une vision à la fois cohérente et pédagogique des éléments qui constituent cette doctrine.
 
Ainsi, un glossaire permet de se reporter à partir d’un thème à tout texte important, de Rerum novarum de Léon XllI à Caritas in veritate de Benoît XVI. L'intérêt, ajoute son responsable, le père Bertrand Hériard Dubreuil, «c'est que les renvois d'un texte à l'autre sont immédiats et permettent de dire comment est réutilisé tel texte d'un pape par ses successeurs, et avec quelles inflexions ».Par ailleurs, le site a recensé huit grands principes fondateurs du discours que porte l'Eglise sur la société, et les décortique les uns après les autres, du bien commun à l'option préférentielle pour les pauvres Une troisième entrée permet enfin à des spécialistes d'aborder les grands thèmes d'actualité sur lesquels l’Église s'est exprimée (écologie, laïcité partie qui, elle, a vocation à être renouvelée. Un instrument précieux en ces temps de campagne électorale alors que les évêques de France, dans le document publié en octobre 2011 : « Un vote pour quelle société ?» préconisaient justement comme éléments de discernement une plus grande attention aux principes de la doctrine sociale de l'Église.
 
La Croix, 7-8 janvier 2011 Isabelle de Gaulmyn