Reposés et éveillés

Eglise d'Arras n°13

Mgr Jaeger Mgr Jaeger  Selon notre usage français, les activités personnelles et sociales entrent avec le début du mois de juillet dans une période de pause. Si le repos festival ne constitue pas la règle commune, il impose le ralentissement de sa cadence à bien des réalités de l’existence quotidienne. Cependant, la vie ne va pas s’arrêter. Son déroulement est, hélas, marqué par des circonstances et des événements qui résistent farouchement à la légitime aspiration aux vacances.

            Le terrorisme aveugle qui s’expose au grand jour ne connaît aucune trêve. Il poursuit son œuvre de déstabilisation, de mort et de peur, notamment dans le rang des Chrétiens. Il dérègle le mécanisme des relations humaines. La sagesse ne peut que résister à sa sinistre loi. Elle suscite ou devrait susciter un surcroît de rapprochement, de solidarité, de fraternité. Cet élan ne peut pas attendre demain. La souffrance ne se met pas entre parenthèses.

            Les mois écoulés ont manifesté l’ampleur du phénomène migratoire. Les faits ont montré que le désespoir, parfois saisi comme une aubaine par des manipulateurs sans scrupules, engendre des comportements fous qui débouchent trop souvent pour  des personnes migrantes sur une mort cruelle et pourtant évitable.

Quelques petites mesures ne peuvent suffire à endiguer les déplacements des individus à la surface de la terre. Faute d’une réflexion sérieuse, d’un travail constant et d’une volonté commune, les autorités politiques courront longtemps après un phénomène qui leur échappe. Il ne suffit pas de quelques barrières érigées ici ou là pour laisser  croire que les mouvements de population pourront, au mieux être ralentis, au pire être ignorés.

Nous ne répéterons jamais assez qu’il est légitime de ne pas faire peser sur les épaules de quelques pays, de quelques communautés, de quelques sites, les bouleversements de la géographie humaine de la planète. Il n’est pas acceptable de culpabiliser celles et ceux qui voient chez eux  la pauvreté s’ajouter à la pauvreté. En revanche, le devoir du respect de la dignité des personnes exige l’engagement de tous. Les refus de la réalité,  les tergiversations face aux décisions, les dénis de responsabilité, la restriction des moyens portent douloureusement atteinte à la grandeur de l’être humain. L’amoindrissement de l’homme n’est jamais une solution. La dignité des uns s’affaiblit quand la dignité des autres est occultée.

Le pape François vient de publier l’encyclique « Laudato si ! » Ce document dépasse largement la simple prise en considération de la nécessaire sauvegarde de la nature. Il resitue l’être humain et sa relation à la totalité de la création dans le projet de l’Amour de Dieu. La publication de cette lettre du pape arrive au bon moment. Elle n’apporte pas simplement de l’eau au moulin des divers mouvements écologiques. Elle réajuste toutes les dimensions de l’humanité à la mesure d’une œuvre d’Amour : n’est-ce pas précisément ce dont la famille humaine a un urgent besoin ?

Ne nous contentons pas de mémoriser quelques extraits de cette encyclique. Après une première lecture de vacances, il serait utile de la travailler patiemment et méthodiquement dans divers groupes. Le pape nous invite à nous retrousser les manches. La lecture, l’analyse, la compréhension appellent des actions humbles, modestes, plus larges, plus collectives. Le  service de Dieu et le service de l’homme nous pressent.

Les quatre évêques de la Province de Lille rentrent de Rome. Ils ont pu dans un fraternel échange, évoquer avec le Cardinal OULLET, Préfet de la Congrégation des Evêques la genèse, le déroulement et les conclusions du synode provincial. Le collaborateur du Saint Père a accueilli avec beaucoup d’intérêt la démarche vécue par nos trois diocèses. Les conclusions définitives devraient être formalisées dans le courant du mois de juillet.

Le mois de septembre arrivera vite. Je rappelle et confirme  le rendez-vous du dimanche 27 septembre 2015 à Lille. Selon des modalités largement diffusées, les trois communautés diocésaines sont invitées à se regrouper, partiellement le matin et, plus globalement à partir de 15 heures, en la cathédrale Notre Dame de la Treille. Il appartiendra ensuite à tous les fidèles et à leurs pasteurs d’entrer dans le temps de la conversion synodale.

Avec joie, je remercie en cette période de l’année, les prêtres, diacres et fidèles qui ont accepté de remplir de nouvelles charges à la rentrée. Ils partent, ils bougent et arrivent sur le territoire, mais aussi dans leur cœur et dans leur tête ! Les changements ne s’expliquent pas uniquement par des raisons techniques, pratiques et pédagogiques. Ils expriment, dans la foi, l’attachement au Christ qui s’est dépouillé de tout afin de tout recevoir du Père. Des mutations qui, avec l’arrachement qu’elles comportent, touchent des membres de l’Eglise dans leur personne et dans leur histoire ont la fécondité du renoncement du Christ Lui-même. Je redis ma gratitude et celle du diocèse à celles et à ceux qui vivront plus intensément dans les mois qui viennent cette expérience spirituelle.

Bon été !

 

+ Jean-Paul JAEGER