Tout est miracle

Einstein disait : « il y a deux sortes de gens : ceux qui ne croient pas aux miracles, et ceux qui croient que tout est miracle ».

Il nous arrive parfois d'être comme en décalage avec nos propres pensées. Elles sont là, elles nous envahissent, et on aimerait mieux qu'elles s'en aillent. Que ce ne soit plus nos pensées à nous, mais celles d'un autre.

Cela arrive quand de vieux souvenirs ressurgissent, méchants, agressifs, alors qu'ils devaient rester enfouis. Ou quand on pense à tout ce qui va nous arriver très bientôt – le réchauffement climatique, ces riches qui s'enrichissent et ne font que cela, toutes ces catastrophes naturelles (le sont-elles vraiment, naturelles?).

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Il peut se faire qu'alors – miracle – tout s'arrête, tout s'échappe. Je fais souvent cette expérience : l'impression de s'enfoncer, inexorablement, dans le pessimisme et le désespoir. Et d'un coup, venue on ne sait d'où, une force mystérieuse me retient, pour m'empêcher de tomber jusqu'au fond du gouffre. Et toutes ces pensées qui semblaient s'accrocher, tenaces – d'un seul coup disparaissent. Au sens littéral, elles s'échappent, et s'évanouissent dans le néant.

Je ne sais pas pourquoi, je suis devenu quelqu'un d'autre, un nouvel être qui n'avait encore jamais existé.

C'est alors le temps de la grâce, le temps de rendre grâce.

 

Einstein disait : « il y a deux sortes de gens : ceux qui ne croient pas aux miracles, et ceux qui croient que tout est miracle ».

En fait nous basculons plus ou moins entre les deux, quelquefois nous faisons partie de la première catégorie, et quelquefois de la deuxième. Evidemment on se sent mieux dans ce dernier cas.

 

Il y a 45 ans je me trouvais à Sherbrooke au Québec, visitant un Centre d'Accueil – c'était révolutionnaire à l'époque – où tous les services étaient regroupés. On pouvait être soigné ou recevoir des conseils en matière de santé, juridique, des aides pour trouver un logement, etc. C'était le début des CLSC (Centre Local Service Communautaire).

Et à l'entrée il y avait une grande photo, représentant un arbre dans une forêt, inondé de la lumière du soleil. Et en bas, écrit en grandes lettres : EVERYTHING IS A MIRACLE.

Chaque chose est un miracle.

C'est toujours resté gravé dans ma mémoire, et souvent ça me remonte le moral quand je perds l'équilibre, quand je suis tenté par la dépression.

Mon esprit est troublé, rien ne semble aller, et tout à coup la lumière se fait, le jour fait place à la nuit, et je n'y suis pour rien : c'est quoi, sinon un miracle ?

 

Pour Sainte Thérèse d'Avila, il y a (entre autres ) deux façons de rencontrer Dieu : la méditation, la réflexion, le « travail pénible de l'entendement » – ou alors se laisser envahir par l'eau céleste qui coule en nous, au plus intime de nous-mêmes : alors tout notre intérieur s'élargit et se dilate. (le Château de l'âme, Quatrièmes Demeures, ch. 2)

 

Bien sûr la première, la seule condition au fond, pour arriver à cela, c'est l'humilité, et encore l'humilité. C'est accepter, se soumettre à une volonté qui n'est pas la sienne. C'est reconnaître (en fait, simplement comprendre) que tous ces raisonnements, ces pensées diaboliques (elles viennent vraiment du Diable) ne nous appartiennent pas.

Il faut qu'un autre, plus doué, plus malin, prenne les choses en main, les commandes.

Un autre qui est plein d'amour.

Et à le déverser en nous, même dans notre corps, dit aussi Ste Thérèse.

 

Et si le miracle ne vient pas, quelquefois il suffit d'attendre.

La patience, c'est aussi une forme d'humilité.

Jérôme van Langermeersch, le 18/08/2018