Messe de Noël sous un échafaudage
Article dans la voix du Nord
Cette année, la messe de Noël ce sera sous un échafaudage !
Les églises Saint Louis de Rouvroy et Saint Vaast de Courcelles se sont habillées d'un manteau d'acier pour l'hiver.
LES VISAGES DE L'ACTUALITÉ
En plus d'un épais manteau neigeux, les églises de Courcelles et Saint-Louis de Rouvroy ont revêtu, cette année, une couverture d'acier. En chantier depuis quelques mois, les édifices passent l'hiver sous un imposant échafaudage. Des travaux qui ne gênent pour l'instant en rien la vie paroissiale. N'ayez crainte, la messe de minuit aura bien lieu, et ce sont les abbés Macquart et Szymczak qui seront aux commandes.
PAR ANNE-CLAIRE GUILAIN
Qu'importe l'échafaudage, pourvu qu'on ait la foi ! C'est en substance le discours des deux curés, peu avant de célébrer la messe de Noël dans une église en chantier. « En plus, avec le froid, les travaux sont suspendus. Et le chantier n'a lieu pour le moment qu'à l'extérieur, alors il ne nous dérange en rien ! », explique l'abbé Adam Szymczak, entouré de fidèles en train d'installer la crèche pour la messe de minuit. Pour lui, ce soir à 22 heures, la messe sera franco-polonaise dans l'église Saint-Louis de Rouvroy. Un peu avant, à 18 h 30, il aura animé une veillée de Noël à Harnes. « C'est un peu la course à cette période », confie-t-il en souriant. Mais est-ce seulement à cette période ? Car à 48 ans, celui qui est arrivé il y a un an et demi à la paroisse nouvelle Saint-Joseph-en-Deûle (qui regroupe Rouvroy, Billy-Montigny, Harnes et Fouquières) semble en course perpétuelle.
Né à Kepno en Pologne, il a rejoint la communauté de la société du Christ pour les émigrés polonais juste après son bac. Et n'a eu de cesse de bourlinguer depuis. En 1988, il part en Ukraine, puis arrive en France pour 13 ans. « J'ai fait Roubaix, Lille, Poitiers - pour parfaire mes connaissances en français -, Bruay-la-Buissière, Dunkerque, Les Mureaux, Monceaux-les-Mines, avant de partir sept ans en Espagne. » Là encore il voit du pays avant d'arriver à Rouvroy. Et compte-t-il s'y poser un peu ? « Ha, ce n'est pas moi qui décide, ce sont mes supérieurs. Moi, j'ai fait trois vœux, dont celui d'obéissance, alors j'obéis. » En attendant une hypothétique nouvelle affectation, il ne ménage donc pas son temps. « C'est ça la vocation, on n'a pas d'heure et avec mes sept clochers et trois communautés polonaises, il me manque toujours du temps. » Du temps pour jouer au handball, par exemple, une de ses passions.
Manque de temps
« C'est le grand drame des prêtres le manque de temps. Car les gens croient que l'on ne fait rien à côté, mais on aime la vie ! " lance l'abbé MACQUART. Lui non plus, son temps, il ne l'a pas compté, mais à l'époque, avant le regroupement des paroisses, il en avait un peu pour profiter des plaisirs du foot, s'essayer au planeur, à la planche à voile... Et aujourd'hui, à 80 ans, il continue à s'investir pour l'orgue de Dourges, la création de vidéos, etc. Et ce natif de la cité des Cheminots à Avion, d'une famille de 10 enfants, a eu la vocation très jeune. « J'ai perdu un frère à 12 ans, une sœur à 13 ans et ma mère à 15 ans. Pour moi, la vie n'avait pas de sens... mais c'est la révélation du Christ qui a redonné un sens. » À 25 ans, il est ordonné prêtre et devient professeur de mathématiques au petit séminaire de Bouvigny-Boyeffles durant 16 ans. Il sera ensuite directeur du collège Clairefontaine à Duisans. « On s'occupait de gamins en difficultés et je garde un souvenir inoubliable de ces gosses. J'ai vu des enfants renfermés et dès qu'on faisait attention à eux ils s'épanouissaient. Je suis encore en contact avec certains.
» Après 10 ans, il rejoint Paris pour une année d'études puis est nommé directeur du collège Notre-Dame d'Hesdin. « Mais j'ai démissionné en 1985. Je n'étais plus à l'aise dans l'enseignement. Je trouvais primordiale la relation entre enseignant et élève et là, je n'étais plus en accord avec certains profs. » Il est donc nommé curé à Hénin pendant 16 ans, jusqu'en 2002. « Et quand un prêtre a 75 ans, il est tenu d'arrêter. » C'est à Courcelles-Lès-Lens, qu'il prend une sorte de « retraite ». Mais peut-on vraiment mettre un terme à la mission d'une vie ? Évidemment pas. L'abbé MACQUART animera donc la veillée de Noël à Dourges à 18 h 30, ce soir et demain, il fera celle de Courcelles à 11 heures. Une messe sous l'échafaudage donc. Des travaux que l'abbé MACQUART qualifie de « trop tardifs. Le gros problème des églises, ce sont les pigeons. Les gouttières s'encombrent, l'eau déborde et crée des infiltrations. Bref, ça me fait mal de voir tout cet argent dépensé dans la pierre quand on voit tant de misère dans le monde.
Mais ça fait partie du patrimoine ! » Et demain, c'est sans nuisance que l'abbé célébrera la naissance d'un petit bébé, celle de l'enfant Jésus. « Pour moi, le Christ c'est la réponse à tous nos problèmes. C'est Dieu qui a pris forme humaine pour nous dire « aimez-vous bon sang ». Les hommes ont une valeur extraordinaire et souvent ils l'ignorent ! » Et ici, la naissance du Christ sera célébrée sur un air du petit Quinquin. « Car si Jésus était né dans un coron, sûr que sa maman l'aurait bercé sur cette chanson ! » •