COMMENT PRIER ?

le tout est de tout offrir

Parfois nous nous posons cette question. Des enfants peuvent se la poser, ou nous demander, à nous, comment faire pour s'adresser à Dieu. Alors qu'on ne sait pas où il est. Il se tait tout le temps.

Et personne ne l'a jamais vu.

La première réponse qu'on pourrait donner, c'est que c'est une mauvaise question. Parce qu'elle est sans réponse. Evidemment il n'y a pas de recette, sinon cela se saurait depuis bien longtemps. Et surtout parce que le fait de prier ne dépend pas de nous-mêmes, mais de Dieu.

C'est lui qui en décide. Il décide du moment favorable – il y a un temps pour tout. Il décide du lieu (le désert, la foule, …), et aussi de la manière.

C'est lui qui sait comment prier.

 

Et cela pourrait être très difficile à admettre, pour nous, et encore plus pour un enfant.

Il ne s'agit pas de dire : « Tiens, au fait, si je priais, là, maintenant ? Puisque je n'ai rien d'autre à faire... »

Non. Prier est un don. Que l'on reçoit, que l'on accepte – ou pas. Non pas dans le sens : celui-là a un don pour le piano, ou il a le don de m'énerver,... Car cela voudrait dire que certains y ont accès et pas d'autres, que ça dépend de leur caractère, de leur prédisposition. Ce serait bien dérisoire, et au fond sans espoir.

C'est un don dans le sens d'une offrande. Un acte d'amour.

 

prier prier  Pour moi prier, c'est avant tout renoncer. A ses passions du moment, à ses projets, à ses tentations (de se réjouir trop vite, ou trop longtemps, ou de déprimer). Pourtant vous direz  - un enfant dira : « Mais c'est normal d'avoir des passions, d'être content, d'être triste ».

Oui c'est normal. Alors disons-nous que . A notre tour. Comme si finalement – et comme c'est la réalité – cela ne nous appartenait pas vraiment.

Dès qu'il m'arrive, dès que s'annonce une pensée qui fait mal – un jugement sur une personne, un regret, une crainte pour l'avenir – aussitôt je l'envoie promener cette pensée, qu'elle aille au Diable.

Ou plutôt à Dieu, en l'occurence. C'est lui qui se charge de tout, de nos fardeaux.

 

Prier c'est à chaque instant se jeter dans ses bras. Sans retenue. Sans hésiter.

C'est d'autant plus facile qu'il ne dit rien – alors il accepte tout, forcément. Il ne fera pas le tri, il ne nous dira jamais ce que nous devons garder, et ce que nous devons lui laisser. Puisqu'il ne dit rien, puisqu'il ne réagit pas.

Ou il réagit, mais indirectement, en creux : nous reconnaissons sa présence, puis son passage, au bien fou que cela fait. J'étais jaloux, j'étais honteux, je me sentais humilié, et tout d'un coup ça s'arrête. J'imagine que tout le monde a pu expérimenter cela. Les enfants aussi. Comme lorsqu'on se blesse, on a mal, et tout d'un coup on n'a plus mal . Sans que l'on sache comment. Et si nous ne savons pas comment cela a pu se produire, c'est peut-être parce qu'un autre que nous-mêmes (en nous-mêmes) était à la manœuvre.

La question ne devrait pas être : « comment prier ? » Mais : « qu'as-tu à me dire Seigneur, là, maintenant ? Parle je t'écoute, parle à ma place. Je te laisse toute la place ».

Bien souvent la réponse vient . Parfois le seul fait d'avoir fait cette demande apaise. Parfois le seul silence qui lui fait suite nous étonne, et nous rassure.

Ou bien on imagine – très bien, c'est facile – le Seigneur nous répondre : « Mon fils, as-tu été assez humble ? C'est important, tu sais, l'humilité. C'est souvent la clé. Si tu te tracasses, si tu en veux aux autres, si tu les jalouses, c'est peut-être parce que tu te donnes trop d'importance ».

Et quelquefois il suffit d'être comme un petit enfant. Ce n'est pas lui qui prend les décisions, mais les adultes qui l'entourent. Ainsi il n'a pas à s'en faire. Par contre les grands ont le devoir de le protéger, le consoler quand il est malheureux. Lui montrer le chemin quand il s'est trompé.

Pour nous apprendre à prier, comme dans bien d'autres domaines, les enfants sont nos meilleurs enseignants.

 

Jérôme van Langermeersch, le 16/09/2018