Dans les entrailles du psaume 139
Laissez le Saint-Esprit vous enseigner et vous parler directement.
« Yahvé, tu me sondes et me connais... que je marche ou me couche tu le sens, mes chemins te sont tous familiers... »
Le Psaume 139 est le plus intimiste de tous. L'homme en prière se plaît et se complaît à s'examiner, il se regarde dans le temps, dans l'espace, et au fond de lui-même. Ce serait très dangereux, et vain, si c'était pour se retrouver seul, pour mieux se connaître. Mais où qu'il soit, où qu'il aille – tout là-haut dans le ciel, au plus profond de la mer, dans ses propres entrailles... son Seigneur est là, il ne le quitte jamais, il sent sa présence.
Curieuse, cette phrase : il sent sa présence. Sans la bouger on peut très bien comprendre : l'homme sent que Dieu est présent, ou le contraire. C'est merveilleux: l'un et l'autre sont tellement intriqués qu'ils deviennent l'un l'autre.
Il neige, il neige sur Liège
Et tant tourne la neige entre le ciel et Liège
Qu'on ne sait plus s'il neige s'il neige sur Liège
Ou si c'est Liège qui neige vers le ciel (Jacques Brel, il neige sur Liège)
Le psalmiste est rassuré, en toute circonstance, car ce n'est plus à lui de diriger sa barque. Et s'il est tenté par l'angoisse et le découragement, il est aussitôt happé par un autre que lui même, qui le tire de ce mauvais pas :
Je dirai : que me presse la ténèbre, que la nuit soit pour moi une ceinture,
mais la ténèbre n'est point ténèbre devant toi
La nuit comme le jour est lumière
Il y a un peu de magie. La nuit c'est l'angoisse, l'envie ou l'impression de mourir. Mais devant Dieu cela n'existe pas. Alors je n'ai qu'à me placer devant lui, sous son regard. Son regard pénétrant. En un instant ce qui était sans espoir devient lumière. Je ne sais pas ce qui s'est passé, et peu m'importe. Je sais seulement que j'ai été guéri, qu'un drame a été évité. Comme l'aveugle-né, qui ne sait qu'une chose : avant, il ne voyait rien, maintenant il voit. (Evangile de Jean, ch.9).
Avant c'étaient les ténèbres, maintenant c'est la lumière. Mêlées.
Parfois nous nous demandons : Ai-je assez la foi ? D'où vient-elle ? Comment en témoigner ?
Pourquoi nous poser des questions dont nous n'aurons pas la réponse, pas ici-bas en tout cas ? Il suffit d'un peu de bon sens pour comprendre que cela n'a pas de sens.
« La parole n'est pas encore sur ma langue, et voici, tu la sais déjà tout entière »
C'est trop fort : ainsi notre Seigneur sait d'avance tout ce que nous allons dire. Parce qu'il a déjà sondé nos pensées. Même si elles sont sans grand intérêt – c'est souvent le cas. Comme nos paroles. Dès lors, pourquoi m'en faire ? Je peux les regarder danser, virevolter. Mes réflexions sont là devant moi, elles font ce qu'elles veulent, elles ne m'appartiennent pas de toute façon.
Mais parfois c'est de vie et de mort qu'il s'agit.
Sonde-moi ô Dieu, connais mon coeur, scrute-moi, connais mon souci
Vois que mon chemin ne soit fatal.
Là c'est du sérieux.
Ne sois jamais loin de moi, Seigneur. Et n'oublie pas de m'envahir, jusque dans les plus petits interstices de mon corps, comme l'eau s'immisce dans la terre, dans ses moindres recoins.
Que je me perde en toi, jusqu'à te devenir.
« C'est le vent du nord qui fait craquer les digues
A Scheviningen petit
Tellement fort qu'on ne sait plus qui navigue
La mer du Nord
Ou bien les digues... » (Jacques Brel, Mon père disait)
Jérôme van Langermeersch