Consolations
Écoute, le Seigneur te parle
Parle, Seigneur, car ton serviteur t'écoute : qu'as-tu à me dire, maintenant - que nous sommes seuls ?
Mon fils, que rien ne te trouble maintenant. Ne t'accroche pas à tes pensées du moment. Bientôt elles s'en iront.
Seigneur, à qui irais-je ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! Et dis-moi, mon Dieu, qu'est-ce qui te ferait plaisir, là, maintenant ?
Mon fils, je veux que tu te taises. Je veux pour toi un bonheur sans nom. Il est de faire ma volonté. Elle est que tu t'humilies - que tu sois humble, et aussi que tu souffres l'humiliation, si c'est ce que tu vis maintenant. Si tu subis ça, c'est pour être ensuite plus fort, et plus serein. Tu le sais, tu en as déjà fait l'expérience.
Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains. Qu'aucune parole ne sorte de ma bouche, qu'aucune pensée ne me vienne, qui ne soient de toi. C'est si simple de faire ta volonté. Ainsi lorsque je suis menaçé par le regret, par un souvenir mauvais - je n'y suis plus, les acteurs et les spectateurs sont partis. Je sais que ça vient de moi, ou du démon. ça c'est sûr. Alors je chasse.
Dès que survient le doute, dès qu'une angoisse me prend, dire : "Allô ! Allô, l'humilité ? Tu es là ? Que dis-tu, l'humilité ? Que dois-je faire ? "
Et la réponse est en général lumineuse, évidente.
Je suis tenté par la déprime. C'est si tenant. Ou je voudrais juger une personne, me remémorer une conversation incertaine, tendue. Je connais bien la contre-attaque : m'enfuir, renoncer, aller me cacher sous terre. Je redis souvent ce joli verbe anglais SURRENDER : Se soumettre, se rendre. Rendre les armes. Renonce (en anglais c'est bien, l'infinitif et l'impératif c'est pareil !).
"Ne nous laisse pas succomber à la tentation". On récite ça souvent. Alors, répétons-le, encore et encore. A la longue nous parviendrons bien à vaincre le Tentateur, celui qui nous veut du mal, qui veut que nous fassions le mal. C'est très facile de comprendre ses plans. On voit bien les résultats, en nous, autour, et loin de nous.
Je sens très bien quand je commence à m'éloigner de toi, Seigneur. C'est tout le temps, à chaque instant. Et à chaque instant tu viens me tirer de là, me rattraper, me ramener à toi.
Quelquefois j'ai l'impression de tomber d'un arbre très haut. Une descente vertigineuse. Lorque je ne suis plus moi-même, mais un autre qui voudrait tout laisser tomber. Et souvent alors, mon Seigneur me recueille, aux dernières branches, celles du bas, tout en bas. Sans cela je me serais fracassé, dans ma tristesse, mon ressentiment.
"Si tu ne m'avais secouru, Seigneur, j'aurais été habiter le Silence - l'enfer" [psaume 94,v.17]