SIXIEME DIMANCHE DE PAQUES
La promesse rsz_spiritualariel de la venue de l'Esprit (Jn 14, 23-29)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
À l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l'aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m'aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n'est pas de moi : elle est du Père, qui m'a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l'Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. C'est la paix que je vous laisse, c'est ma paix que je vous donne ; ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m'en vais, et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit toutes ces choses maintenant, avant qu'elles n'arrivent ; ainsi, lorsqu'elles arriveront, vous croirez. »
© AELF
Homélie (abbaye Notre Dame deTamié)
« C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ».Frères et sœurs, sommes-nous dans la paix ? Si nous le sommes, rendons grâce à Dieu. Si nous ne le sommes pas, rappelons-nous la parole de Jésus : « venez à moi vous qui peinez sous le fardeau et je vous procurerai le repos ». Nous sommes toujours dans le temps pascal qui ne nous rappelle pas seulement la mort et la résurrection de Jésus mais ses promesses de ne pas abandonner ses disciples, non seulement ceux de son temps mais ceux d’aujourd’hui. C’est bien à nous que s’adressent les paroles que nous venons d’entendre : « je vous donne la paix »
Mais qu’est-ce que cette paix que Jésus nous donne et qui n’est pas « à la manière du monde » ? On sait que les juifs, dans la Bible, mais encore aujourd’hui, se saluent en se souhaitant la paix (shalom), les grecs se souhaitent la joie et les romains ou les latins que nous sommes préfèrent se souhaiter la santé. La paix biblique n’est pas seulement le contraire de la guerre, la tranquillité, mais une plénitude de vie, elle est le don messianique par excellence. Et chez Saint Jean, la paix est toujours liée à la personne du Christ, à sa présence « je vous donne ma paix » . La paix est un don de Dieu, de l’Esprit de Jésus et pas seulement une simple disposition bienveillante qui vient de nous à la manière du monde. Les arabes aussi saluent en souhaitant la paix (salam). Mais cette paix tant souhaitée par tous se heurtent au péché du monde, aux intérêts particuliers. Il ya de fausses paix qui méprisent la vérité ou la justice. Ainsi entre Israël et la Palestine parmi d’autres nombreux exemples actuels. Il y a la paix tranquillité égoïste « fiche-moi la paix », la paix résignation : « laisse tomber ». La paix a toujours un prix et elle est toujours fragile. Dans sa lettre aux Galates, Saint Paul énumère la paix comme don de l’Esprit au même titre que l’amour, la joie, la bonté, la foi non comme des fruits séparés mais comme « le »fruit de l’Esprit, au singulier. Ainsi nous-mêmes sommes « le » Corps du Christ tout en étant multiples et différents.
Nous sommes des missionnaires de la paix du Christ. Récemment, le pape François a donné le sacrement de Confirmation à 44 personnes du monde entier (âgées de 11 à 55 ans). Il leur a dit entre autre : « Dieu ne nous appelle pas pour de petites bricoles. Il vient faire toutes choses nouvelles, il vient nous transformer vraiment et à travers nous, il veut transformer le monde dans lequel nous vivons ». Les paroles du Christ que nous méditons, tirées de l’évangile d’aujourd’hui, sont répétées chaque fois que nous célébrons la messe, avant la communion et elles s’accompagnent du « baiser de paix ». La formule officielle est : « donnez-vous la paix » sous- entendu : la paix du Christ dont on vient de parler. Ce n’est pas pareil que : « donnez-vous un signe de paix », comme un signe qui viendrait de notre bonne volonté à chacun de nous. Et si je me suis disputé avec mon frère ? S’il m’accuse d’être hypocrite et refuse ce geste de paix ? Pire : si les chrétiens ne peuvent plus assister à la même messe et ne peuvent communier à la même eucharistie ? Dans Saint Luc (10, 6), les disciples, envoyés en mission ont la consigne de donner le salut de paix au maître de maison à qui ils demandent l’hospitalité. Si celui-ci est un homme de paix, « un fils de la paix » la paix ira sur lui comme une bénédiction. Sinon la paix revient sur ceux qui voulaient la donner. Cela signifie au moins deux choses : cette bénédiction ne se perd pas et elle n’est pas automatique, magique, elle est affaire de liberté. Le disciple n’est pas responsable du résultat de sa démarche. Il est responsable des semailles pas du rendement.
À la fin de chaque messe, nous sommes envoyés en mission : « allez dans la paix du Christ » Nous ne sommes pas envoyés pour des « bricoles » mais pour qu’à travers nous la paix apportée par Jésus nous transforme nous-mêmes, transforme la communauté, la famille, la nation, le monde dans lequel nous vivons.
TROISIEME DIMANCHE DE PAQUES
évangile
De dimanche en dimanche, spécialement en ce temps pascal, la liturgie de l’Église vient au-devant de nous avec le même message d’espérance. Oui, les temps sont durs ; oui, les années passent, avec leur lot d’épreuves personnelles, familiales, ecclésiales ; mais ce qui fait vivre le disciple de Jésus, ce n’est pas la sécurité, c’est la certitude, certitude que le Christ est déjà vainqueur de ce qui oppresse les hommes, certitude qu’il est vivant, Lui, vrai homme, vivant de la vie même de Dieu, certitude qu’il est plus présent que jamais à son Église.
Il est vrai que nous ne voyons pas le Christ, que nous ne touchons pas chaque jour ni à volonté les signes de son action ; mais nous avons un moyen merveilleux de le rejoindre : là où nous sommes, il nous suffit de tendre l’oreille pour entendre la voix du Berger : « Mes brebis écoutent ma voix, dit Jésus ; moi, je les connais, et elles me suivent ».
Il existe une sorte de connivence entre les brebis et le berger, et la voix du berger n’est pas toujours une voix qui s’impose. Simplement, de temps à autre, le berger parle, comme pour dire : « Je suis là, et je m’en vais par là ». Et les brebis suivent ! C’est bien cela, en effet, qui nous fait réagir et repartir : cette voix du Christ qui redit : « Je suis là avec toi ; je suis là pour vous, et je te connais. Je te donnerai la vie éternelle : jamais tu ne périras ».
Nous ne périrons pas, parce que nous serons défendus. Le berger, pour nous, n’est pas seulement une voix qui nous hèle ; c’est une main qui nous tient et qui nous protège. Et jamais rien ni personne ne pourra nous arracher de la main du Christ, car le Christ nous garde et nous serre comme le cadeau que le Père lui a fait : « Ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et je n’en ai perdu aucun »(Jn 17,6.12).
Le Christ tient à nous, Dieu notre Père tient à nous, lui qui est « plus grand que tout ». C’est bien cela l’inouï : que Dieu veuille à ce point réussir l’homme, et qu’il nous ait donné un tel berger pour nous conduire à la vie.
Mais si le Seigneur nous assure de sa présence, nous rassure de sa main, pour ainsi dire, il ne nous invite pas au repos, du moins pas encore : « Mes brebis me suivent », dit Jésus. Admis à l’intimité du Père comme le Christ, par le Christ et avec le Christ, nous sommes, comme le Christ, envoyés, chaque jour envoyés, chaque jour en marche, jusqu’au bout de notre chemin terrestre, jusqu’au bout du don de nous-mêmes, et ce que Dieu dit à l’Apôtre saint Paul au cours de sa mission, il le redit à chacun et chacune de nous dans la prière : « J’ai fait de toi la lumière des nations, pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 13,47).
En lisant cela au quotidien, cela veut dire : "Tu es porteur (porteuse) du message de Jésus jusqu’au bout du vaste monde qui est l’horizon de ta vie, jusqu’au bout dans ton foyer, jusqu’au bout de ton dialogue avec tes enfants, jusqu’au bout de ton pardon en famille, jusqu’au bout du cercle de tes relations, jusqu’au bout de ton dévouement et de ta solidarité, jusqu’au bout de ta solitude, offerte au Christ et peuplée de milliards d’hommes.
Il n’est donc pas question, pour les brebis du Seigneur, de brouter là où elles sont, droit devant, sans s’occuper du reste, car la voix du berger n’appelle jamais deux fois du même endroit. Le berger se déplace, pour nous conduire vers les sources d’eaux vives, tous, comme « une foule immense que nul ne saurait dénombrer, une foule de toutes nations, de toutes races, peuples et langues » (Ap 7,9) ; foule immense, en marche, où l’on apprend à se connaître, à s’aimer, tout en s’avançant vers la source.
Mais il faut marcher, il faut cheminer : il faut suivre. Avant de parvenir jusqu’au trône de Dieu, dit le voyant de l’Apocalypse, il faut passer « par la grande épreuve » (Ap 7,14), par un test de fidélité à monnayer au quotidien. Il est des jours où l’épreuve se fait plus lourde, et la fidélité plus difficile, des jours où l’on est las d’être en route, las de soi-même et déçu du troupeau ; il est des heures où toute lueur d’espoir s’éloigne, pour nous-mêmes ou ceux que nous aimons. Comme il est bon de nous rappeler alors - car cela aussi est le message de Pâques - que notre Dieu est « plus grand que tout ».
C’est la tendresse de Dieu qui aura le dernier mot : « Dieu essuiera toute larme de nos yeux », et il nous dira : « Maintenant, c’est fini. Je suis là : ne pleure plus ».
Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.
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