De la méditation à la contemplation
être agi plutôt que d'agir et ainsi éprouver que Dieu est en moi.
Je n'aime pas beaucoup la méditation. Je préfère la contemplation. Méditer, c'est se regarder, trouver ça bien, se sentir bien. Contempler, c'est une autre étaple. Quand j'entre en contemplation, ce n'est plus moi que je regarde, c'est un autre. Cet autre fait irruption, il s'impose à moi, je n'y puis plus rien. Quand je méditais, c'était moi qui en décidais. Ici, je ne suis plus maître de moi. Et mon souci n'est plus de me sentir bien. Je n'ai plus aucun souci.
"Quand l'âme est arrivée à l'époque où se font sentir les sécheresses de la nuit sensitive, Dieu la tire de la vie des sens à la vie de l'esprit, c'est-à-dire qu'il la fait passer de la méditation à la contemplation" (St Jean de la Croix, La Nuit Obscure, Nuit des sens, ch.10)
La relaxation, le yoga, la recherche du silence, sont très en vogue aujourd'hui (mais ce n'est pas nouveau, cela remonte à la nuit des temps probablement). Méditons, méditons, il en sortira bien quelque chose. La connaissance de soi, l'épanouissement personnel. On fait appel aux psychologues, à des thérapeutes.
Bizarrement (même si j'ai fait du yoga pendant plusieurs années), tout cela me donne envie de fuir. Fuir une impasse.
Je fais silence, autour de moi et en moi. Je fais le vide, je me recroqueville, je suis en paix.
Et après ?
A quoi sert le vide, s'il n'est pas comblé, très vite ? Et cela peut être dangereux, et néfaste. A trop chercher à me connaître et à être bien, je puis très vite devenir égoïste, sourd aux bruits du monde, aux cris de détresse.
Très vite au contraire, lorsque je suis dans cet état de recueillement, je dois d'abord en rendre grâce. Car c'est un vrai privilège, un vrai cadeau. Ensuite je dois me laisser pénétrer par le Seigneur, et le laisser prendre ma place - il n'attendait que cela, depuis le début du monde.
Alors tout change. Là "s'ouvrent les portes de la contemplation" (Frère Roger de Taizé, Vivre l'Inespéré)
"Quand Dieu a ainsi investi l'âme comme un fleuve aux eaux bruyantes, il la remplit tout entière. Cette eau divine remplit les bas-fonds de son humilité, et comble les vides de ses désirs" (St Jean de la Croix, le Cantique Spirituel, strophe 13ème)
Il y a de nombreus
es façons de prier. Dieu est grand. On peut remercier, on peut supplier, ou encore louer le Seigneur. On peut réciter un texte connu, en inventer d'autres, ou dire sans cesse par exemple, comme le Pélerin Russe "Seigneur, fils du Dieu vivant, aie pitié de moi pêcheur". C'est très efficace.
On peut aussi se mettre à l'écoute. En silence. En attente. Il n'est pas possible qu'alors on reste longtemps seul, dans l'angoisse. Car le silence, si l'on est seul, peut être très angoissant.
Forcément quelqu'un va se mettre à parler, à l'intérieur, tout doucement mais en s'imposant. Avec tendresse, violemment.
"Ce qu'elle savait, c'est que c'était Notre Seigneur qui lui parlait, que ce n'était pas une illusion... surtout lorsqu'il lui disait "NE CRAINS PAS, C'EST MOI" Ces paroles avaient une telle efficacité que le doute lui était impossible" (Ste Thérèse 'Avilla, Le Château de l'âme, Sixièmes Demeures, ch.VIII)
Jérôme van Langermeersch