Viens, Seigneur

il suffit de L'appeler pour Le faire venir

vitrail colombe vitrail colombe  

 

« Je ne sais pas de quels temps reculés à ma rencontre tu viens, à jamais plus proche. Ton soleil et tes étoiles, jamais, ne pourront te tenir caché de moi pour toujours..... » (Taogore, l'Offrande Lyrique, 46)

 

 

Une amie, rencontrée au Canada il y a très longtemps, m'a écrit un peu plus tard : « ne te tracasse pas tant. Laisse toute la place à Celui auquel elle revient. Laisse-le faire »

 

Ces phrases ont été pour moi un choc – et pourtant venant d'elle ce n'était pas du tout étonnant. Elles me reviennent très souvent quand je suis dans la détresse, quand me vient l'idée du suicide. « Banal comme l'idée du suicide », disait Roland Barthes.

 

Peut-être qu'au fond nous ne faisons pas assez appel à ce qui est tout près, immédiatement à notre portée. Le tout est de tout offrir. Je n'aime pas quand je me morfonds sans raison, quand l'ennui me guette, quand je regrette des choses qui pourtant sont passées, mortes. Ou quand je viens dde blesser quelqu'un par mes propos – alors que ce n'était même pas mon intention. Pas toujours.

 

Alors si  je ne m'aime pas, je n'ai  qu'à m'enfuir de moi, et c'est vraiment très facile. C'est tout le temps. Il suffit de dire « Viens Seigneur, prends toute la place, celle qui te revient, celle que tu as envie d'occuper depuis le début du monde ». C'est très efficace, je le sais depuis des dizaines d'annés. Don c'est sûr, avéré. Depuis le temps que ça dure.

 

Ma fille aînée Mélodie, alors âgée de 7 ou 8 ans, a dit un jour (je ne sais plus à qui) : « mon père, il prie toutes les 5 minutes ! »

 

Je me suis toujours demandé (elle a aujourd'hui 27 ans) comment elle avait pu se rendre compte de ça. Je ne le saurais sans doute jamais, et c'est mieux. J'aime mieux garder ce mystère.

 

Mélodie n'a pas tout à fait raison : ce n'est pas toutes les 5 minutes, c'est en permanence. Un peu comme la respiration. Tous les êtres respirent, de façon réflexe, sans y penser. Heureusement que nous ne devons pas penser à respirer, sinon nous passerions notre vie à ça – ou plutôt nous mourrions très vite !

viens seigneur viens seigneur  

Pour moi la prière est comme une respiration, mais consciente. Enfin je crois. Quelquefois elle arrive toute seule, sans crier gare, sans que je le veuille. La conscience vient après.

 

En tout cas elle est, elle aussi, vitale. Quelquefois il me suffit d'appeler « Seigneur ! Seigneur ! » et aussitôt je suis quelqu'un d'autre. Je le sais, je le sens. Quelqu'un qui ne se souvient même plus de qui il était avant.

 

Pourtant il est bien dit dans l'Evangile « Ce ne sont pas ceux qui disent « Seigneur ! Seigneur ! » qui entreront dans le Royaume » (Matthieu, VII, 21)

 

Moi je ne crois pas ça. Au contraire. Le simple fait de l'appeler suffit à le faire venir, à se sentir mieux, rassuré par sa présence. Bien sûr Jésus dit juste après : « ... mais ce sont ceux qui font la volonté de mon père ». Evidemment, on s'en doute bien. Mais l'un n'empêche pas l'autre. Et je crois qu'en l'appelant à l'aide – ou en le louant – on fait déjà sa volonté. Le reste suit.

 

Il n'est même pas toujours  besoin de l'appeler. Il vient de lui-même. Ou c'est lui qui demande à entrer en nous.

 

« ... Maint soir et maint matin le bruit de tes pas s'est fait fait entendre. Ton messager est venu dans mon coeur et m'a secrètement appelé... » (Tagore, idem)

louange louange  

Jérôme van Langermeersch