.Antidépresseurs

Renoncer à soi-même... et à ses angoisses pour parvenir à la paix intérieure

Je relisl'homme sur le banc l'homme sur le banc   souvent « l'Imitation de Jésus-Christ ». Comme bien d'autres c'est un texte plein de contradictions – ça me va bien.

Certains propos sont scandaleux, inacceptables. Prenons le livre III, chap.26. Jésus dit  au fils « n'ayez d'autre intention que celle de plaire à moi seul (...) ayez un parfait mépris de vous-même...» Mais ces phrases sont suivies de : « alors, vous jouirez d'une grande paix (...) vous ne sentirez plus aucun trouble ».

C'est très curieux : pour parvenir au repos et à la vie intérieure, il nous faut nous torturer, renoncer à nous-mêmes, à nos propres désirs et raisonnements.

Cette ambivalence se retrouve dans de nombreux ouvrages, et notamment les évangiles.

Oui c'est scandaleux, sauf si j'ajoute : renonce aussi... à tes angoisses. « Ne crains pas, dit le Seigneur, car je t'ai racheté... tu as du prix à mes yeux, et moi je t'aime » (IsaÏe,43)c'est en jesus c'est en jesus  

Alors tout change. Je méprise en moi non ce qui me faisait plaisir, mais le trouble que je laisse s'y installer. Je n'ai plus le droit de craindre, surtout quand il n'y a aucune raison à cela.

« C'est manquer de vertu que de se laisser aller à un découragement excessif » (l'Imitation, III,7)

Evidemment nous ne sommes pas toujours maîtres de nos émotions, de nos découragements. Il serait prétentieux, et vain, de vouloir tout contrôler, et encore plus de donner des conseils aux autres. Ce que je ressens souvent, c'est que quelqu'un d'autre décide à ma place, si je dois déprimer ou me réjouir. Si je regarde le monde qui m'entoure, et bien au delà, je peux n'y voir que tristesse et désolation, haines sans fin, misère, violence, injustices. Ce serait une grande faute que de se sentir alors serein, bien dans sa peau. Il n' y a que des raisons de désespérer de notre planète qui étouffe et se meurt sous la pollution, les plastiques qui continuent à s'accumuler dans l'Océan – alors que tout le monde le sait, c'est ça le pire.

Nous avonla barque la barque  s le droit, et raison, de nous décourager – mais pas de manière excessive. Nous devons reconnaître, et accepter humblement, une lueur d'espoir qui jaillit, on sait d'où. Alors il se passe des choses fabuleuses, inespérées jusque là. Toujours très nouvelles.

Lorsque je suis miné par l'angoisse ou la peur (c'est tout le temps), me vient alors très vite cette phrase :

« Seigneur, Seigneur, quelle est la commande ? Là maintenant que veux-tu que je fasse ? Qu'est-ce que je dois en penser, de tous ces malheurs ? Dis-moi vite, ne me laisse pas seul. Que jamais je ne sois séparé de toi »

Souvent ces seules questions ont en elles leurs réponses.

« Mon fils, dit Dieu, je veux que tu fasses silence en toi. Un silence de mort. Tu sais bien que je suis la vie, et aussi la mort. Ne te laisse pas aller à tout ce qui pourrait t'éloigner de moi. Dis-toi que tu es mort, un moment. Mort à toi même. Ce n'est pas difficile, tout de même. La mort te côtoie sans cesse, elle est ta destinée »

 

Merci mon Dieu, pour ces paroles qui m'apaisent. Je sais que seul je ne puis rien, ou presque rien, contre toute cette misère qui maintenant m'envahit. Alors vient amour. Qu'un instant au moins je me sente bien, avec toi tout à l'intérieur.

 

Ce dialogue, et tant d'autres qui lui ressemblent, peuvent à eux seuls rasséréner, libérer d'une inquiètude, actuelle ou menaçante.

 

Quand je demande à Dieu : « que me commandes-tu, maintenant ? » Il est bien rare qu'il me réponde : « mais oui, vas-y, continue à te morfondre » Ce serait plutôt le Diable qui dirait ça. Et il faut aussi bien reconnaître ses pièges.

Il est si tentant, le Diable. Parfois on a l'impression que nous aimons mieux nous laisser aller à la tristesse, à l'écoute des sirènes du mal.

Alors qu'il suffit de si peu pour être bien.

Comme le Petit Prince qui n'avait qu'à déplacer sa chaise pour assister à un coucher de soleil.

 

le petit prince le petit prince  

 

Jérôme van Langermeersch