Jubilé , Jubilons

Jubilé des 50 ans de sacerdoce de Jacques Migneaux

Désolés, Monsieur l’Abbé,
Mais nous n’avons rien fait,
Puisque telle était votre volonté.
Alors frères et sœurs, déjà, il nous faut le quitter
Et pourtant nous espérions bien boire ce pot de l’amitié.

Non, non, c’est une boutade,
Revenez, revenez
En cette année qui fut sacerdotale,
Il nous faut jubiler.
80 ans d’âge, 50 ans de prêtrise se doivent d’être fêtés.
Avec tendresse, un peu d’humour, sans méchanceté,
Il nous faut parler de ce prêtre, frère qui nous est donné,
Depuis de si longues années, dans la fidélité

Que savons-nous de son jardin secret ?
Rien, il est si bien gardé.

1930, à sa première parole : « ouin ! ouin ! »
Famille Migneaux, vous vous réjouissez.
Jacques est né et il est baptisé
Mais le « petit quinquin »
Ne bercera pas ses premières années.
Toute une enfance,
Une adolescence,
Une jeunesse, pour préparer puis exercer
Un superbe métier :
Des arbres et des fleurs en être le jardinier.

Mais Toi Seigneur, ces désirs de beauté
Tu les as transformés en désirs de bonté.
Quelles souffrances endurées ?
De quel amour brûlé ?
Pour accepter d’être à jamais. ton jardinier
En pleine humanité.

1950, le voici ton ministre ordonné
Vicaire d’Aire sur la Lys, il est encore avec des jardiniers
Mais très vite le voilà missionné
Au cœur des cités
Blanc Mont
Avion
En quartier république en pleine construction.
Moto, baskets, en cuir le blouson
Il est bien dans le ton,
Ce jeune prêtre au cœur des maisons.
Une pomme de terre au four à même la table posée,
N’arrête pas ce pasteur affamé
D’autant plus quelle sent bon l’amitié, la générosité.
Toute rencontre est propice aux semailles
Catéchuménat, ACO , Baptême, fiancés, mariages, funérailles
Il saisit en son coeur le lourd poids de ces vies
Il les prend en ses mains
Dans le pain et le vin.
Invoquant l’Esprit Saint,
Dans l’offrande même du Christ Crucifié
En chaque Eucharistie, il vient les y plonger.
Pour qu’en Lui tout soit ressuscité et même glorifié.

Mais du haut de la chair où il lui faut prêcher
Le nez de notre jardinier s’en trouve chatouillé.
Serait-ce l’odeur de sainteté de ses chers Avionnais ?
Mais non, ce sont les odeurs des poudres, des crèmes de beauté,
Dont ses paroissiennes avec soin, ce jour, se sont fardées.
D’avoir éviter au moins cela désormais
A nos jardiniers
Puisse Vatican II en être remercié.

1968, A Billy-Montigny, le voici arrivé.
Est-ce la révolution ?
Moto, baskets, blouson
Ici ont de quoi étonner, voir même scandaliser !
Alors le blouson est ôté
Heureusement, les baskets gardés.
La beauté de la rose si facilement blessée
N’a plus que ses épines pour bien se protéger.
Combien de fois les voilà capables de piquer.
Mais la rose de beauté est aussi de bonté
Très vite c’est le regret d’une blessure infligée
Et les excuses, tant bien que mal, aussitôt formulées.

1968-2010
Secteur pastoral Harnes, Billy-Montigny
Responsable secteur pastoral Billy- Montigny
Curé Fouquières les Lens et Billy-Montigny
Curé in solidum Billy- Montigny, Fouquières les Lens ,
Prêtre aîné assistant Paroisse Saint Joseph en Haute Deule puis prêtre aîné
Les structures ecclésiales ne cessent de changer
Ainsi que les nominations de notre jardinier.
Mais aux champs il ne cesse de semer
Du repas de l’Amour : serviteur consacré
De la Parole, serviteur envoyé
Deux vocations qui peuvent le partager
Mais un seul ministère qui vient le simplifier.
Les funérailles, les sacrements
Toute une pastorale de services, de mouvements
ACI Billy, Bouvigny, Vie Montante ou Chrétien Retraités
Aumônerie Sainte Barbe, foyer Guy Mollet
Regard en Marche, Essor des jeunes, que de responsabilités,
Sans compter celles que je peux oublier
Et ce qu’il fait dans le plus grand secret.

Oui, combien le Seigneur a semé
A travers ce jardinier qui, du monde, les bruits a toujours écoutés
Pour les annoncer, les célébrer
Et envoyer ses brebis, à leur tour y semer.
Sans peur des nouveautés, vers l’avenir tourné
Les funérailles sans messe, il fut l’un des premiers
De même avec des laïcs oser les célébrer.
Pourtant, pas facile de les laisser, seuls, ce service assumer
Pour lui, ils ne sont jamais prêts, jamais assez formés.
Ou bien est-ce si difficile de lâcher
Quand on a toujours fait ?

Prêtre in solidum, à Fouquières, au presbytère il faudra habiter
Sans pour autant en être le curé.
Les Paroisses Nouvelles sont nées, il faut s’y adapter.
Sans oublier la charité de la proximité.
Prêtre aîné assistant, prêtre aîné,
Dans les bras de Dieu il faut s’abandonner
Pas l’abandon soumis mais l’abandon offert
Dans l’amour et la confiance entre les mains de Celui qu’avec Jésus nous appelons du si beau nom de Père.
Pourtant pas question d’avoir les bras croisés,
Car jardinier du Seigneur, il est prêtre à jamais.
Comme pour ses 75 ans, comme l’Abbé Xavier,
En ce jubilé, faut-il sur un podium l’appeler à monter ?
A la fête des vœux, en plein monde être regardé, félicité
Pour ce frère, attentif aux germes du Royaume, fut chose détestée.
Alors, par pitié, nous n’allons pas recommencer !

2010, joyeux anniversaire
80 ans, il ne faudrait plus « faire »
Pour devenir plus « être »
Accueillir les « quitte », additionner les soustractions
Oui,confiance dans le Seigneur vivre l’ aujourd’hui de l’abandon
Mais les immenses champs à débroussailler,
A labourer, à semer sont là devant ses yeux largement étalés
Avec si peu de plus jeunes jardiniers,
Comment les laisser seuls, ils sont si fatigués.

Alors, frères et sœurs aînés, nous qui soit disant devenons très âgés
Au club des « t’a mal où ? » serions nous syndiqués ?
Celui « tout est foutu » nous garde-t-il prisonnier ?
Assez, il n’est plus temps de pleurer, récriminer.
C’est urgent de s’offrir et prier, contempler, célébrer, annoncer
Tous ces germes d’amour de justice et de paix.
Envers et contre tout, au milieu de l’ivraie
Ils ne cessent de pousser,
Puisque de Dieu, le Royaume est le seul projet.
Tenons dans l’espérance, en ce monde, encore, l’humanité
Cherche à la vie un vrai sens à donner.
Oui, dans la foi, l’espérance c’est le temps de s’offrir, de prier
Mais aussi de parler,
Témoigner de Ce Dieu dont l’Amour en Christ nous a tous sauvés
Pour qu’en vous, jeunes de nos communautés
Naissent et mûrissent des vocations de nouveaux jardiniers.
Qu’ainsi le Semeur continue de sortir pour semer
Qu’au cœur de ce monde l’Eucharistie soit sans cesse célébrer
Et que soient engendrés de nouveaux baptisés,
De nouveaux eucharistiés, de nouveaux confirmés.
De nouveaux envoyés, de nouveaux consacrés.

C’est vrai notre cœur est toujours embrasé
Mais maintenant les pas nous sont comptés
Même s’ils sont de baskets chaussés.
Notre vie souvent balance tel un rocking-chair
Deux pas en avant, puis deux pas en arrière,
Alors Seigneur, je t’en prie invente pour nous un rocking-chair,
Qui, dans l’espérance, balance en avant, ne revient pas en arrière,
Même si assis, il nous faut y rester
Parce que nous ne pouvons plus faire.


Voilà que notre jubilaire nous dit, c’en est assez.
Que le Seigneur disent du bien de vous et vous garde, allez en paix,
Et surtout n’oubliez pas de chanter.
Aussi, puissions nous avec lui éternellement clamer
Le plus beau chant qui dit : « l’Amour ne passera jamais »
« Par le Christ, avec Lui et en Lui,
Eucharistie, « merci Dieu, merci »
Seigneur continue d’appeler et de nous donner de tels jardiniers.
Pardonnez-nous frère Jacques si, quelques fois, nos propres épines sont venues vous piquer.

L’amour jamais ne passera, l’amour demeurera
L’amour, l’amour seul, la charité jamais ne passera
Car Dieu est Amour.

Quand j’aurais le don de la science
et connaîtrais tous les mystères
Parlerais-je la langue des anges
Sans amour je ne suis rien


Si je donnais mes biens en aumône
Si je livrais mon corps aux flammes,
Si ma foi déplaçait les montagnes
Sans amour je ne suis rien

La charité ne jalouse personne
La charité jamais ne s’irrite
En tous temps elle excuse et espère
La charité supporte tout.


Paroissiens Saint Joseph en Haute Deule
Unis à toutes les fleurs que vous avez soignées
Au beau jardin de cette humanité.
 

Article publié par Denise Vanberten - • Publié • 5924 visites