Douter de tout, douter de rien
Un doute insidieux peut corroder notre foi
Aujou rd'hui combien de fois n'entend-t-on pas l'expression « bof ! » ou « à quoi bon ? » que l'on prononce à propos de tout et de rien comme si aucun sujet, aucune situation, aucune décision ne valait la peine qu'on s'y attarde ou que l'on y réfléchisse d'un peu plus près. Ainsi en est-il pour nos croyances.
Demandez à un de vos amis, de vos collègues de travail ou à un quidam s'il croit ou ne croit pas en Dieu. Bien souvent il sera bien embarrassé pour vous répondre avec certitude.
Alors qu'au siècle dernier on parlait de croyants, de non-croyants ou d'athés, au XXI ème siècle c'est le vocable agnostique qui souvent prédomine. Je crois mais en même temps je doute sans trop y croire et bien souvent sans même avoir réfléchi à la question. D'un autre côté dans la presse et les médias on ne fait que parler d'intégrisme ou de fondamentalisme. Là, plus question de douter ni même de discuter. Il faut croire c'est un impératif qui s'il n'est pas respecté peut coûter cher !
A l'heure où en tant que chrétiens on nous demande d'aller porter autour de soi la bonne parole, de rendre compte de notre espérance dans ce monde de plus en plus achristiannisé le doute a-t-il encore sa sa place, pour moi qui me dit chrétien engagé ?
Une chose est certaine c'est que le doute fait partie intégrante de ma vie. Je ne peux pas être à 100 % sûr de tout sinon en établissant mes jugements à l'aune de mes propres valeurs et alors je vis replié sur moi-même.
Au contraire il faut que j'accepte de douter, de ne pas être dans la certitude, de me laisser surprendre, de m'étonner, de ne pas tout comprendre, d'être dans l'humilité et ainsi de laisser établir la relation avec l'Autre.
Dimanche 10 septembre dans le psaume 94 (95) il était dit Aujourd'hui, ne fermez pas votre coeur comme à Massa et à Mériba, mais écoutez la voix du Seigneur !
Dans cette simple phrase est résumée l'aventure de notre foi personnelle et communautaire. La foi c'est tout simplement la confiance. Il faut accepter que les voies de Dieu nous soient impénétrables. Même si les apparences sont contraires, si nous sommes dans la difficulté, si nous ne trouvons pas de réponses à nos interrogations sachons que Dieu nous veut libres, vivants et heureux même dans nos situations d'échec et de frustration et qu'il fera jaillir de celles-ci la liberté, la plénitude, la résurrection.
Il ne nous reste plus qu'à dire comme Pierre à Césarée :
Seigneur à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
(Jean, ch.6,68).