Bienfaisant psaume 4

« En paix tout aussitôt je me couche et m'endors... en sûreté »

 

 

          Le Psaume 4 est une « prière du soir ».

          Il nous invite à la nuit, à la passer en compagnie de Dieu. Je l'invoque parfois pour qu'il m'accompagne dans cette aventure – le sommeil.

 

          « En paix tout aussitôt je me couche et m'endors... en sûreté »

          C'est le dernier verset, la conclusion. Parfois j'essaie de relire ce psaume  - et en particulier la fin, lorsque j'ai du mal à m'endormir. Cela n'est pas toujours très efficace. Alors  je m'efforce de répéter, répéter encore, de plus en plus doucement. J'en rajoute : viens Seigneur, ne me laisse pas seul... aide-moi à passer une bonne nuit... » Quelquefois ces phrases m'aident à chasser les autres, les tourments du moment.

 

          « Quand je crie réponds-moi,

          Pitié pour moi, écoute ma prière »

          C'est le premier verset. Je commence par me plaindre, je crie, j'appelle au secours car rien ne va. J'ai peur de la nuit, des cauchemars – et plus encore de ne pas pouvoir dormir.

          Quand j'étais petit je disais parfois à ma mère – quelquefois avant de m’endormir : « j'ai peur d'avoir peur »...

 

          Ce psaume est la prière du soir, aussi au sens symbolique : maintenant dans mon cœur, dans mon âme il fait noir. La nuit est tombée. Je ne vois plus rien, aucune pensée rassurante ne me vient. Au contraire, la première d'entre elles m'effraie. Alors j'appelle quelqu'un, qui va penser à ma place. Et celui-là sait y faire. Je lui fais toute confiance.

          Au lieu de « quand je crie réponds-moi », j'aime mieux dire « quant je crie, tu me réponds ».

          « Je suis là je t'appelle, car tu réponds, ô Dieu » (Psaume 16, 6)

          Je l'engage encore plus, je le mets au pied du mur. Tu m'as si souvent exaucé, Seigneur, je sais que tu le feras encore. Tu es piégé, tu es obligé de tenir encore ta promesse.

          Au verset 4 de notre psaume du soir, c'est très clair : « Yahvé écoute quand je crie vers lui ».

          C'est affirmé, net. Du solide.

 

          Il commence dans la violence, la révolte. Celle que je ressens, que j'exprime.

          Il se termine dans la douceur, le repos du sommeil.

          Pourvu que ça marche, cette fois. Cette fois encore.

 

          Par trois fois dans le texte il est question d'une mise à l'écart :

          « Dans l'angoisse tu m'as mis au large » (v. 2)

          « Sachez que Yahvé met à part ses fidèles (v. 4)

          «  C'est toi Yahvé qui m'établis à part, en sûreté » (v.9)

          Ainsi le plaignant est traité par son maître d'une façon spéciale, unique. Il est mis hors de danger. Il est loin du monde, seul avec son Seigneur, qui le protège des autres – et aussi de ses propres peurs. Le soir l'homme en prière a envie d'aller dormir, sans crainte. Il ne veut pas être gêné par le bruit, par les autres, ni par ses propres terreurs nocturnes.

          Et pour cela il a besoin d'aide. Il a besoin d'une relation intime, amoureuse.

          Il a envie d'être bercé, consolé, cajolé. Comme lorsqu'il était enfant.

 

          Je peux réciter la prière du soir à chaque moment de la journée.

          Comme les autres psaumes de supplication, elle est une aide puissante lorsque la nuit se fait dense – même en plein jour. Lorsque tout semble s'assombrir en moi, et alentour.

         

          C'est la base de notre foi, son assise : cette confiance d'enfant dans celui qui jamais ne se révèle, et qui pourtant nous accompagne de jour comme de nuit sans jamais nous lâcher.

          Il suffit de se taire, de mourir à soi-même – le sommeil est au fond une mort provisoire.

          Sa présence se fait alors très vite sentir.

 

          « Je t'appelle Yahvé, écoute ma voix qui t'appelle

          Que monte ma prière, les mains que j'élève en offrande du soir.

          Etablis une garde à ma bouche,

          Veille sur la porte de mes lèvres » (Psaume 140)

 

Jérôme van Langermeersch, le 13/12/2023