les dimanches du temps ordinaires année C

« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie » (Lc 21, 5-19)

33 eme dimanche du temps ordinaire

textes du jour

 

site "jardinierdeDieu.com"

 

images images  Les feuilles ne cessent de tomber des arbres en France. Nous sommes au cœur de l’automne, déjà l’hiver s’annonce et le bel été est bien loin… mais déjà, d’une manière bien discrète, un renouveau s’annonce dans la formation délicate des bourgeons qui vont donner à l’arbre de pouvoir traverses les rigueurs de l’hiver et de pouvoir refleurir de manière neuve au printemps. Même si c’est par une annonce terrible « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit.», c’est au cœur de cette promesse « Ils seront Un avec Lui » à vrai dire que Jésus amène ses interlocuteurs, eux qui se réjouissent du plein été de la belle construction.

Avec persévérance, le disciple avance aussi bien celui mis en scène par l’évangile que celui qui lit cette évangile patiemment, semaine après semaine. Le terme de l’évangile et celui de l’année liturgique  ne sont plus loin. Jésus nous dit que l’équilibre que nous connaissons et qui tenait les pierres de l’édifice de notre vie va disparaître, qu’un nouvel équilibre de notre existence va poindre, il sera vraiment autre.

En effet, il ne sera pas à partir de nous, mais à partir de Lui, de la relation avec Lui. Son Nom prend une importance nouvelle dans l’existence du disciple qui en porte la marque et en subit la conséquence et s’ouvre à la nouvelle vie puisque Jésus déclare : on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom… Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom ».

Il dit aussi que le disciple aura à témoigner et qu’il n’aura pas à sa soucier de sa défense  « Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction ». Un nouvel être se constitue, ce n’est plus la même personne, mais une personne « augmentée » de la relation avec le Seigneur, relation agissante, relation renforçante… cela se construit peu à peu, nous donne d’entrer nombreux dans le Royaume…

C’est par notre persévérance que le Jour nouveau de la Résurrection se répand sur notre terre…

Père Jean-Luc Fabre

32ème dimanche du temps ordinaire, annee C

« Il n’est pvivants orantesstrasbourg vivants orantesstrasbourg  as le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20, 27-38)

 

 

 

« Héritiers de la Résurrection »

Le Mystère de la naissance

Que les parents s’interrogent ! Quels sont les plus beaux moments de leur vie sinon ceux où ils ont vu leur amour déboucher sur une vie nouvelle. On fait au nouveau-né le plus beau cadeau qu’un être humain puisse désirer en lui conférant le nom et le prénom qui lui permettront d’avoir sa place dans la société des hommes. On lui prodigue tous les soins possibles ; on serait prêt à donner sa vie s’il le fallait. Imaginez un incendie : le père n’hésite pas à mourir si c’est nécessaire pour que vive celui qui vient de voir le jour. On donne, on se donne mais d’une façon étrange. Rares sinon inexistantes les situations où l’on donne à autrui sans attendre au moins un geste de reconnaissance. En l’occurrence, on se moque de ne pas recevoir un merci qu’aucun bébé n’est capable d’exprimer. Il y a plus étrange encore : en prenant ce petit être vagissant entre leurs bras, père et mère n’ont pas l’impression de donner mais plutôt de recevoir. Ce mystère est grand !

Trop grand mais infiniment désirable. On le comprend ; au cours des siècles les hommes ont cherché par tous les moyens à sauver cette possibilité. Dans plusieurs civilisations – la civilisation juive en particulier – on a cherché à sauver ce mouvement où se confondent l’acte de donner et de recevoir. La loi du lévirat imposait à un homme qui n’était pas marié d’épouser la femme de son frère lorsque celui-ci était mort sans avoir reçu ou donné une descendance. On a réussi ces dernières années à arracher des couples à la stérilité en inventant la « Procréation médicalement assistée ». On entend des couples homosexuels revendiquer la possibilité d’entrer eux aussi dans ce mystère de l’enfantement. Ces événements sont dans la logique de cette recherche juridique des âges antiques : elle est de tous les temps.

Par-delà toute raison

Les médecins peuvent décrire minutieusement de quel processus l’événement d’une naissance est le terme. Les biologistes produisent des livres et des livres pour faire connaître le travail des cellules, des gènes et des chromosomes. Ils inventent des termes savants pour se faire comprendre. Mais ce que vivent un homme et une femme en cet instant où ils deviennent père et mère, cette situation où l’on ne sait plus démêler l’acte de donner et celui de recevoir, par quel mot le désigner ? Avouons qu’il est trop grand pour pouvoir entrer dans nos langages et nos calculs. Avouons aussi que l’acte de ressusciter dont parlent les sadducéens ressemble à celui de la naissance. Par un certain côté, on les comprend ces intellectuels qui prennent Jésus au piège. Pas plus au temps de Jésus qu’à l’époque où nous vivons, la Résurrection, tout comme la naissance, ne peut être réduite à un phénomène que la raison des philosophes et des savants pourrait analyser ni décrire. Rien ne peut garantir que la possibilité d’une vie par-delà la mort puisse encore être reçue. Donner et recevoir se confondent aux moments les plus beaux de notre existence sans que nous puissions en expliquer la raison. Perdre la vie et la retrouver relèvent du même ordre qui dépasse nos raisons. On hérite de la vie en venant au monde. Nous sommes encore héritiers – c’est le mot de Jésus – lorsque nous quittons la société des vivants. « Héritiers de la Résurrection » : tel est le titre qui désigne la condition que Jésus nous promet.

La confiance est humaine

J’entends les objections. Nous ne pouvons peut-être pas rendre compte scientifiquement de la joie accompagnant une naissance mais nous en sommes témoins. Nous en faisons l’expérience dans nos propres vies et ce que des parents éprouvent dans leur histoire, nous le reconnaissons. Mais nul n’a jamais vu un mort sortir de son tombeau hormis Jésus en qui nous croyons.

C’est bien à partir de la Résurrection de Jésus, en effet, qu’il nous faut entendre l’Evangile de ce jour annonçant un monde autre que celui où nous vivons encore, un monde où les fils et filles d’homme seront « fils de Dieu, héritiers de la Résurrection ». Pourquoi y croyons-nous ? Par naïveté ? En réalité, l’acte de croire est profondément humain, il suppose l’acte de parler. Celui-ci met en relations des êtres humains qui se font confiance. Par-delà les siècles des hommes et des femmes ont reçu cette nouvelle (« Il est ressuscité ! ». Ceux qui la recevaient faisaient confiance à ceux qui la transmettaient et cette confiance a régné jusqu’à nous. Donner et recevoir : le mystère de la vie humaine ! Croire que Jésus est ressuscité manifeste le triomphe de la parole entre des sujets qui continuent à s’adresser les uns aux autres. Quoi de plus humain ? Ce Jésus dont on nous dit qu’il est ressuscité nous a lui-même annoncé ce « monde à venir ». Nous lui faisons confiance, tout simplement.

Ce mois de novembre est un temps où nous nous souvenons de tous ceux qui nous ont précédés. Recueillons-nous en rallumant notre confiance aux paroles que l’Evangile véhicule. Le 11 novembre, notre pays se recueille en se rappelant que voici à peu près un siècle, près de 20 millions d’humains se sont donné la mort. Quel carnage ! C’est le fruit des calculs et des intérêts des peuples, le contraire du mystère de la vie où l’on donne et reçoit sans compter.

Christine Fontaine

31eme dimanche du temps ordinaire : 30 octobre

« Entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de ZachéeZachee Zachee   ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur ». Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 1-10).

 

 

La Prière du Père Guy Jalbert « Aujourd'hui le Seigneur veut demeurer chez toi » :

« Aujourd'hui le Seigneur veut demeurer chez toi, ouvre-Lui ton cœur, reçois-Le dans la joie. Jésus s'est invité, Il veut souper chez toi, ouvre-Lui ta maison, donne-Lui le repas. Apporte ta misère, montre-Lui ton péché, écoute sa Parole, accueille son Pardon. Que cessent les murmures de tous les pharisiens, fais voir ta guérison, partage avec tes frères. Aujourd'hui le Salut est entré dans ta vie, par Jésus, c'est la Joie et la Paix de l'Esprit. Ainsi soit-il. »

Père Guy Jalbert - Prêtre Canadien (OMI)
 

 

 

 

30ème dimanche du temps ordinaire, annee C

dom-30-c-14 dom-30-c-14  Encore une fois, Jésus s’adresse à nous en abordant la manière propre que nous avons de nous situer devant notre manière d’exister (exister centré sur son image ou exister ouvert à l’inconnu), de nous situer par rapport aux autres (en comparaison ou en authenticité)… La parabole que nous narre Jésus est une nouvelle proposition pour prendre du recul, pour privilégier une manière d’être sur l’autre. La question lancinante pour nous est bien celle-ci : « Peut-on envisager de changer de pied ? »… Nous avons chacun de nous, du pharisien et du publicain, mêlés en nous… Comment pouvons-nous vraiment vivre ce basculement ?

Peut-être, pour changer, faut-il réaliser qu’un poison agit, insidieusement, en nous, celui de l’action si nous considérons que notre action nous justifie… nous donne droit, nous construit… L’action alors, à vrai dire, nous enferme en une partie de nous-mêmes. Elle nous renvoie inexorablement à notre image comme la référence. L’action ainsi vécue dessine tout autour de nous comme un grand capuchon de verre qui nous renvoie notre image que nous ne cessons de vouloir façonner. Cela nous rend incapable d’être en relation avec l’autre aussi bien notre frère, notre prochain que notre dieu, mesurant tout à l’aune de ce que je fais, qui serait la vraie valeur… C’est le cas du pharisien qui fait ceci et cela et encore cette autre chose ; c’est le cas de celui qui recherche la performance et qui se centre sur l’obtention de son résultat qui devient sa finalité, sa raison d’être, son lieu de discernement, son principe d’action… Le reste, tout le reste (la vie de contemplation, la vie de relation, la vie de gratuité), s’efface par rapport à ce souci, à cet objectif… qui ne cesse de s’imposer, dévorant…L’autre n’est perçu que par rapport à cet objectif, le prochain et le Seigneur…

 

 

 

 

26ème dimanche du temps ordinaire, 25 septembre 2016

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« Tu as reçu le bonheur, et Lazare, le malheur. Maintenant, lui, il trouve ici la consolat26eme dimanche 26eme dimanche  ion, et toi, la souffrance » (Lc 16, 19-31)

 Ce qui est visé dans ce passage d’évangile se trouve à l’intérieur des personnes, de ceux qui suivent Jésus dans sa montée vers Jérusalem, de ceux qui sont à ce point de la lecture de l’Evangile, dans leurs cœurs. Il s’agit pour chacun de sortir de son enfermement dans ses conditions de vie… La parabole propose un contexte pour éveiller en son auditoire un mouvement de liberté, une prise de position… Il faut donc pour la comprendre, lui laisser produire son fruit, suivre pas à pas ce que l’histoire racontée cherche à produire pour l’auditeur, le lecteur, il faut aller étape par étape, la laisser retentir progressivement pour que quelque chose s’éveille en chacun de nous…

La lecture de cette parabole donne l’impression d’une vie bloquée dans un fonctionnement rigide, dans une fatalité, celle de la richesse et celle de la pauvreté, fonctionnements qui enferment les uns et les autres, l’espace, qui cloue chacun à sa condition (le riche dans une belle maison pleine de festins, le pauvre à sa porte dans la misère), l’espace l’emporte sur le temps qui n’apparaît que sous la forme du quotidien, sans cesse repris. «Il y avait un homme riche, qui portait des vêtements de luxe et faisait chaque jour des festins somptueux. Un pauvre, nommé Lazare, était couché devant le portail, couvert de plaies». Tout au plus peut-on noter quelques velléités chez Lazare «Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche» … Survient un événement : la Mort pour l’un puis l’autre. «Or le pauvre mourut, et les anges l'emportèrent auprès d'Abraham. Le riche mourut aussi, et on l'enterra». Mais là aussi l’enfermement se poursuit à front renversé : le pauvre Lazare dans le sein d’Abraham et le riche dans la fournaise… Surgit alors une parole de demande, une ouverture, celle du riche envers Abraham, envers Lazare… Ouverture à laquelle Abraham répond par une réflexion de sagesse… renvoyant doucement le riche «mon enfant» à sa situation, «c’est à ton tour» : «Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : Tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation, et toi, c'est ton tour de souffrir» … d’autant plus qu’un abîme les sépare… L’histoire serait-elle donc complètement bouclée ? Une nouveauté peut-elle donc se manifester, tracer son chemin, relier ceux qui sont éloignés ? La suite de la parabole voit le riche renouveler sa demande mais non plus pour son bénéfice, mais pour celui de ses prochains proches… ses frères… Un dialogue alors s’établit vraiment avec une suite de questions et de réponses… Abraham conclut sur un point définitif, indépassable, de celui qui vient à nous en ayant traversé la mort… 'S'ils n'écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu'un pourra bien ressusciter d'entre les morts : ils ne seront pas convaincus. '  Ce point s’adresse à chacun, aux auditeurs de Jésus mais à nous aussi, à ce moment du récit évangélique… Ecouter vraiment demande d’agir en conséquence, sans cette attitude de vie en nous rien ne pourra advenir, … Nous nous retrouvons devant cet abîme à franchir… comme jadis à la synagogue de Nazareth au début de la vie apostolique de Jésus où, en ayant lu Isaïe, Jésus dit à ses auditeurs «Aujourd’hui pour vous cette parole s’accomplit...» Elle ne peut s’accomplir sans que les gens qui l’entendent se mettent en mouvement, se situent par rapport à ce qui vient d’être dit, Jésus lui a bougé mais eux ? La page évangélique nous l’a dit : ils ne le feront pas, et deviendront même furieux et homicides (Luc chapitre 4). De même, plus avant dans la bible, là où dans le mouvement liturgique des pèlerins qui entrent dans le Temple (Psaume 94) la parole liturgique laisse retentir cet appel éternel :«Aujourd’hui, écouterez vous sa parole ?». Passé, présent, avenir sont ainsi convoqués à cette écoute. Cet appel rejoint chacun : celui qui écrit le commentaire, celui qui le lit… Quelle place faisons-nous en nous à l’écoute vraie du Seigneur qui demande, pour le moins, la volonté de principe de bouger à partir de ce qui est dit. Nul n’écoute l’autre s’il ne l’écoute avec la perspective de bouger à partir de la parole de l’autre, de se laisser susciter par lui… «Parle Seigneur ton serviteur écoute !» «Qu’il m’advienne selon ta parole». Le Seigneur qui nous parle, qui convoque notre réponse est celui qui s’est manifesté auparavant et qui à partir de ses manifestations nous demande de prendre position… Si nous prenons ce chemin intérieur, alors nous quittons notre prison du temps présent, de ce qui semble s’imposer dans l’extérieur des choses à faire… alors nous devenons, alors nous entrons dans l’aventure de la foi… Pauvres, démunis mais libres.

Père Jean-Luc Fabre, site "Jardinier de Dieu"

 

 

 

25ème dimanche du temps ordinaire, 18 septembre 2016

 

 

Aujourd’hui nous pouvons nous interroger: Que faisons-nous de notre argent?
Chacun est invité en son âme et conscience à répondre à cette question.
D’où vient mon argent?
Qu’en fais-je et pour le bien de qui?
Seigneur, nous voulons habiter ta demeure. Ta demeure éternelle.
Aide-nous à bien gérer nos biens.
Eclaire-nous sur la façon de dépenser.

Apprends-nous à résister aux tentations.
Que nous soyons généreux, disposés à donner.
Que nous ayons de vrais amis.

Alors nous serons libérés des soucis d’argent,
alors nous serons dans la paix et la joie.

Amen.
Père Jérôme Jean

 

 

 

 

 

 

 

 

21eme dimanche du temps ordinaire : 21 aout 2016

 

Llamareis-a-la-puerta-larger Llamareis-a-la-puerta-larger  jardinierdedieu.com

Père Jean Luc Fabre

Jésus est en mouvement, vers Jérusalem, une question lui est adressée, par une personne au bord de la route et qui le voit avancer. Comme à son habitude, le Seigneur ne répond pas directement mais resitue l’enjeu sous-jacent pour tous et chacun… « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ». Jésus nous rappelle ainsi que nous ne sommes pas les spectateurs mais les auteurs de nos vies, même si beaucoup s’impose à nous en notre existence. Nous avons réellement la possibilité d’initier, de créer du neuf à partir de nous, même de façon très modeste, tant que nous vivons.  C’est, à vrai dire, notre plus profond contexte, à partir duquel nous devons tout considérer de ce qui nous apparaît : cette capacité logée en chacun de nous de pouvoir tenter de répondre. Saint Augustin l’a dit avec ses mots : « Celui qui nous a créé sans nous, ne nous sauvera pas sans nous ! ». Il y a en chacun de nous un germe de vie toujours vivant, espérant… Nous pouvons comprendre alors combien le fait de n’avoir été qu’observateurs, de ne poser que des questions seulement ne peut suffire. Avoir entendu des enseignements, avoir partagé des repas, accumuler des ressources ne suffit pas, Il s’agit de s’être mis en mouvement, vers là où dans notre propre vie sourd une lumière. Il ne nous est pas demandé de « franchir le seuil », de réussir mais de nous « efforcer d’entrer », de nous ouvrir…

Faire ainsi, même très modestement, nous fait entrer dans la vaste communauté des témoins, de ceux qui ont offert au Seigneur la possibilité d’une co-action entre eux et Lui. Nous rejoignons ainsi Abraham qui a quitté son pays, sa famille pour que du nouveau surgisse en lui, et en sa descendance… Et il en a été de même pour les autres Patriarches et les prophètes. Dans ce qui était leur situation, ils ont pris des initiatives, se sont efforcés d’aller vers là où la lumière les appelait… Cela est vrai d’une multitude d’autres dans toute l’étendue de l’histoire… dans le secret de leurs cœurs…

L’horizon nous attire, ce qui est plus loin, cédons à cet attrait, mettons nous aussi en chemin, le Seigneur pourra nous rejoindre, marcher avec nous, faire grandir en nous la capacité de vie… le chemin d’Emmaüs est là où il viendra marcher à nos côtés…

20EME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE : 14 aout 2016

 

Je suis venu apporter un feu sur la terre,
et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

 

Toi, le Dieu vivant,

tu allumes dans nos obscurités

un feu qui ne s'éteint jamais.

A travers l'esprit de la louange,

tu nous tires hors de nous-mêmes.

A nous, pauvres de Dieu,

tu as confié un mystère d'espérance.

Dans l'humaine fragilité,

tu as déposé une force spirituelle

qui ne se retire jamais.

Même quand nous l'ignorons, elle demeure là,

prête à nous porter en avant.

Oui, dans nos obscurités,

tu allumes un feu qui ne s'éteint jamais.

Frère Roger de Taizé

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Radio Vatican

Homélie du Père Pascal Montavit


st-jean-feu st-jean-feu  L’Évangile de ce jour nous permet de méditer sur un discours mystérieux de Jésus. Jésus nous parle d’un baptême qu’il désire ardemment ainsi que de la division qu’il apporte dans le monde. Ces deux paroles, liées l’une à l’autre, offrent un enseignement capital sur le mystère du Salut.
Tout d’abord, Jésus parle d’un feu qu’il est venu allumer sur la terre et d’un baptême qu’il doit recevoir. Ces deux expressions renvoient à deux événements que Jésus désire ardemment.
Pour comprendre de quoi il s’agit, nous pouvons nous rappeler ce que Jean-Baptiste disait aux foules lorsqu’il baptisait dans la région du Jourdain : « Mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de dénouer la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu » (Lc 3,16). C’est donc par Jésus que nous sommes baptisés dans le feu. Et c’est effectivement ce qui se passe le jour de Pentecôte lorsque des langues de feu se posent sur le groupe des Apôtres réunis avec quelques femmes dont Marie. Ce don de l’Esprit Saint est symbolisé par le feu car c’est ce que produit l’Esprit chez ceux sur qui Il se répand. L’Esprit Saint embrase les cœurs. Il purifie de toutes souillures et rend zélés pour le Royaume. Le feu que Jésus désire tant allumer est donc cette effusion du Saint Esprit sur tous les hommes.
Mais ce don de l’Esprit Saint ne sera donné qu’après la Passion du Christ. La Passion de Jésus est un baptême, c'est-à-dire le fait d’être plongé dans la mort afin de ressusciter. De la même manière, l’eau de notre baptême est à la fois symbole de mort – où le vieil homme se noie – et de vie – où l’homme nouveau ressuscite. Le baptême que Jésus désire tant renvoie donc à la Passion car elle signifie le salut pour tous les hommes. Jésus désire donc le baptême, c'est-à-dire, pour lui, la Passion car l’offrande de sa vie permet le don du Saint Esprit qui sanctifie les hommes, tout comme le feu purifie. Saint Paul l’exprime en ces termes : « Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle » (Rm 6,4).
L’image du feu porte en elle aussi une certaine violence. Etre baptisé dans le feu de l’Esprit Saint, c’est être prêt à tout perdre pour gagner le Christ. Mettre le Christ à la première place signifie parfois accepter une opposition au sein même de la famille. Jésus dira : « Et quiconque aura laissé maisons, frères, sœurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon nom, recevra bien davantage et aura en héritage la vie éternelle » (Mt 19,29). Voilà pourquoi Jésus dit qu’il n’est pas venu mettre la paix dans le monde mais la division. Cette affirmation ne doit toutefois pas faire oublier que Jésus est le Prince de la Paix. Après sa Résurrection, par deux fois, il salue ses disciples en disant « La paix soit avec vous » (Jn 20,19.21). Jésus est venu dans le monde pour nous donner une paix que le monde ne peut pas nous donner.
En ce jour, prions le Seigneur pour que le feu du Saint Esprit nous renouvelle et nous fasse toujours plus désirer la venue de son Royaume. Prions aussi pour que la paix que Jésus seul peut donner soit répandue en nos cœurs et dans le cœur de ce que nous aimons.

 

 

 

 

 

 

18eme dimanche du temps ordinaire : 31 juillet 2016

Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ? » (Lc 12, 13-21)

 

Dans l’évaindex index  ngile, le Christ nous rappelle que l’augmentation de nos biens matériels n’ajoutera rien à la durée de notre vie terrestre.

Un jour, il nous faudra quitter cette vie telle que nous la connaissons pour la vie avec Dieu à laquelle nous sommes destinés.

Notre vie éternelle est dès à présent commencée, il nous faut donc savoir tendre vers les réalités spirituelles qui seules passeront la mort.

...Dans la 1re épître aux corinthiens, St Paul est plus précis encore sur le point de savoir quelle est la réalité spirituelle qui passe la mort, à savoir l’amour. Et on comprend facilement pourquoi, car Dieu étant amour, seule en moi la capacité d’aimer et d’être aimé peut accueillir l’Amour même. Tout ce qui n’est pas amour en moi est étranger à Dieu, et donc ne peut subsister en sa présence. Il s’agit durant notre vie terrestre de travailler à augmenter notre capacité d’aimer qui nous fera franchir le cap de la mort.

...C’est cette capacité d’aimer et d’être aimé qui donne du sens et de la valeur à ma vie, le reste est illusoire nous rappelle l’Ecclésiaste.

Tout le reste est illusoire car pour celui qui meurt, il n’emporte pas avec lui les biens qu’il a amassés. Cependant cette logique formelle ne suffit pas pour nous détacher réellement des biens matériels. Certes, nous pouvons comprendre que nous ne les emporterons pas au ciel, et que les biens matériels ne donnent pas le bonheur. Mais il y a dans le cœur de l’homme des peurs et des désirs qui le poussent à rechercher les biens matériels. Nous cherchons dans la possession des biens une sécurité pour apaiser notre crainte de l’avenir, ou la satisfaction de notre désir de puissance ou de gloire.

Certes, il y a une certaine légitimité à agir de manière responsable quant à l’avenir, spécialement lorsque l’on est responsable d’une famille ou d’une communauté. Comme il est aussi légitime de vouloir réussir sa vie. Mais il y a un danger à perdre de vue l’objectif final de toute vie humaine.

Dans l’invitation au détachement que nous recevons aujourd’hui, il faut bien voir une mise en perspective du désir de l’homme. Désir de vivre, de croître, de jouir, de posséder, de dominer… On ne peut laisser tous ces désirs se déployer sans maîtrise car ils mèneraient à la ruine celui qui se laisse entraîner sans compter les dégâts autour de lui.

.... Dégâts autour de lui s’il n’a fait des personnes qui l’entourent que des instruments pour son propre enrichissement ou son propre plaisir.

La petite Thérèse a compris dès son enfance « la vanité de tout ce qui passe » et elle aime à citer le livre de l’Ecclésiaste comme elle le fait en racontant sa visite chez des amis d’Alençon en août 1883 : « Je pourrais dire que ce fut pendant mon séjour à Alençon que je fis ma première entrée dans le monde. Tout était joie, bonheur autour de moi, j’étais fêtée, choyée, admirée, en un mot ma vie pendant quinze jours ne fut semée que de fleurs… J’avoue que cette vie avait des charmes pour moi. (…) À dix ans le cœur se laisse facilement éblouir, aussi je regarde comme une grande grâce de n’être pas restée à Alençon ; les amis que nous y avions étaient trop mondains, ils savaient trop allier les joies de la terre avec le service du Bon Dieu. Ils ne pensaient pas assez à la mort et cependant la mort est venue visiter un grand nombre de personnes que j’ai connues, jeunes, riches et heureuses !!! J’aime à retourner par la pensée aux lieux enchanteurs où elles ont vécu, à me demander où elles sont, ce qui leur revient des châteaux et des parcs où je les ai vues jouir des commodités de la vie ? Et je vois que tout est vanité et affliction d’esprit sous le Soleil…

Que l’unique bien, c’est d’aimer Dieu de tout son cœur et d’être ici-bas pauvre d’esprit »

(Ms A 32 v°).

Pour entrer dans cette dynamique du détachement par rapport aux biens matériels, il nous faut donc non seulement comprendre que notre finalité se trouve en Dieu et que nous y communierons par l’amour, mais il faut aussi comprendre que l’amour partagé et reçu est aussi le lieu où nous réalisons notre véritable réussite humaine et c’est la meilleure sécurité face aux incertitudes de l’avenir. Pour cela, nous quitterons nos peurs et nos désirs de puissance pour trouver en Dieu et dans l’amour partagé notre sécurité et notre bonheur.

 

Fr. Antoine-Marie, o.c.d.

carmel.asso.fr

 

 

 

 

 

 

15ième dimanche du temps ordinaire année C
La parabole du bon samaritain

 

bon samaritain bon samaritain  

réflexion du cardinal  PAUL POUPARD

 

Parmi les paraboles les plus puissantes, les plus personnelles, pastorales et concrètes de Jésus, se trouve celle du Bon Samaritain. C'est une parabole puissante, car elle parle du pouvoir de l'amour qui dépasse tous les credo et toutes les cultures et fait d'une personne complètement étrangère notre prochain. C'est une parabole personnelle. Elle décrit avec grande simplicité l'épanouissement d'une relation humaine qui implique un contact personnel, y compris d'ordre physique, au-delà des tabous sociaux et culturels: un homme bande les plaies d'un autre. C'est une parabole pastorale, riche du mystère du souci de l'autre, enraciné au cœur de la culture humaine: le Bon Samaritain se tourne vers son nouveau prochain et s'occupe de lui qui a tant besoin d'aide. Voilà une parabole essentiellement pratique. Elle nous lance un défi: dépasser toute barrière culturelle et communautaire pour aller et faire de même!


Chaque fois que nous lisons et réfléchissons sur cette parabole du Bon Samaritain et la méditons, nous sommes touchés par sa grande simplicité. Elle parle au cœur et trouble même notre conscience.

….
L'homme dont nous parlons était en route, il descendait de Jérusalem à Jéricho. Jérusalem, c'est la cité sainte où se trouve le Temple que Yahvé a choisi pour sa demeure. Elle était donc un symbole du divin et du sacré, tandis que Jéricho représente le monde.

cet homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho représente l'humanité tout entière, à vrai dire chacun de nous. Comme lui, ne sommes-nous pas nous aussi en route? Ne sommes-nous pas tous des pèlerins voyageant ensemble?

 

appel à la compassion
Il y a une grande différence entre la pure pitié et la compassion. La pitié commence et finit avec notre propre moi. Et même si elle nous rend sensibles à la souffrance, elle reste fermée sur elle-même, car elle ne produit pas de fruits dans l'action. Le plus souvent, la pitié finit par un soupir ou un haussement d'épaules.

La compassion, au contraire, nous pousse à sortir de nous-mêmes. En effet, non seulement elle nous fait avoir pitié de ceux qui souffrent, mais elle nous fait aussi être avec ceux qui souffrent. Montrer de la compassion, c'est souffrir avec ceux qui sont blessés et qui sont éprouvés, c'est partager leur douleur et leurs angoisses. S'il est vrai que nous ne pouvons jamais entrer pleinement dans la douleur d'une autre personne et que le plus souvent nous demeurons à l'extérieur, tels des spectateurs silencieux du tourment des autres, la compassion nous aide, dans une certaine mesure, non seulement à souffrir avec celui qui souffre, mais aussi à ressentir quelque chose de sa souffrance.

C'est la façon dont Jésus, le Bon Samaritain par excellence, a montré sa compassion: il souffrait avec et dans les personnes auxquelles il vient en aide. Il partageait leur faim, Il éprouve leurs chagrins, Il comprenait leur douleur, Il avait de la compréhension pour les pécheurs et se montrait leur ami, Il était en contact avec les exclus.

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La compassion ne nous laisse pas indifférents ou insensibles à la douleur de l'autre, car elle appelle la solidarité avec ceux qui souffrent. La solidarité «n'est donc pas un sentiment de compassion vague ou d'attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c'est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun; c'est-à-dire pour le bien de tous et de chacun, parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous» [4].

 Parfois, nous ressemblons étrangement au prêtre et au lévite qui virent l'homme blessé et passèrent outre, spectateurs silencieux par peur de nous impliquer et de nous salir les mains.
Nous pouvons facilement trouver des parallèles dans la culture contemporaine. Les médias visuels aujourd'hui portent directement dans nos maisons des scènes bouleversantes de guerre et de violence, de famine et de pauvreté, de maladie et de malaise, de catastrophes naturelles comme les inondations et les tremblements de terre. Nous courons le risque de nous endormir dans une culture de regard passif, sans rien faire. Au lieu d'être des acteurs, nous finissons par devenir des spectateurs oisifs. La compassion nous pousse à nous libérer de nous-mêmes pour rejoindre les autres, ceux qui ont besoin de nous. Elle nous fait sortir de la coquille confortable où nous aimons nous dissimuler et nous pousse à aimer et à servir ceux qui comptent sur notre aide.

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De même que le Bon Samaritain a rejoint dans sa condition l'homme étendu à terre, blessé et à demi-mort, pour le secourir, ainsi l'Église doit pénétrer ces cultures blessées et malades pour les revitaliser en leur annonçant l'Évangile de la vie.

 

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Je voudrais conclure cette méditation par une brève anecdote. Un rabbin intruisait ses disciples. Au cours de son enseignement, il leur demanda: «Quand le jour commence-t-il?» Quelqu'un répondit: «Quand le soleil se lève et que ses doux rayons embrasent la terre et la revêtent d'or, un nouveau jour a commencé». Mais le rabbin ne fut pas satisfait de cette réponse. Alors, un autre disciple se risqua à avancer: «Quand les oiseaux commencent à chanter en chœur leurs louanges et que la nature elle-même reprend vie après le sommeil de la nuit, un nouveau jour a commencé». Cette réponse, elle non plus, ne donna pas satisfaction au rabbin. L'un après l'autre, tous les disciples hasardèrent leurs réponses. Mais personne ne parvenait à satisfaire le rabbin. Enfin, les disciples se rendirent et, tout agités, demandèrent: «Et maintenant, toi, donne-nous la juste réponse! Quand le jour commence-t-il?» Et le rabbin de répondre calmement: «Quand vous voyez un étranger dans l'obscurité et que vous reconnaissez en lui votre frère, le jour est né! Si vous ne reconnaissez pas dans l'étranger votre frère ou votre sœur, le soleil a pu se lever, les oiseaux peuvent bien chanter, la nature peut bien reprendre vie. Mais il fait encore nuit, et les ténèbres sont dans ton cœur!».
C'est l'amour qui nous donne des yeux pour voir, un cœur pour être sensibles et des mains pour porter secours. «La vocation des chrétiens, c'est de partager généreusement cet amour sur les chemins divers que parcourt aujourd'hui l'humanité, des chemins qui sont nouveaux et parfois dangereux, mais toujours ouverts aux personnes en route...» [10]. Ma fervente prière ce matin, alors que nous commençons notre réflexion, c'est que chacun de nous puisse être inondé et comblé de cette lumière d'amour qui nous fera sortir de nous-mêmes et nous tourner vers les autres qui ont besoin d'aide. Comme le bon Samaritain eut soin de l'homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho, nous aussi nous saurons avoir soin de ce corps de l'humanité qui, au cours de son pèlerinage terrestre, se retrouve à terre, attaqué et blessé, dépouillé de ce qui est au cœur de sa culture. Et nous saurons faire renaître en lui l'espérance, la santé et le bonheur, en l'imprégnant du divin et du sacré, le reconduisant ainsi à sa gloire première. Saint Irénée l'a bien dit: «La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu» [11]. Cette parabole du bon Samaritain deviendra vivante et parlera aujourd'hui à nos cœurs, dans la mesure où nous saurons qui est notre prochain et où nous obéirons au commandement donné par Jésus au légiste: «Va, et toi aussi, fais de même». Nous voici invités à entrer dans une réalité qui surpasse toute loi: Voilà notre défi: nous engager à aimer et communier au commandement nouveau du Christ. Nul ne peut vivre sans amour: L'amour seul est digne de foi.

 

Card. PAUL POUPARD
Président du Conseil Pontifical de la Culture