Le Saint Sacrement : dimanche 29 mai

« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)

cinq pains et 2 poissons cinq pains et 2 poissons  Vivre dans le don
Tel est sans doute l’enseignement qu’il faut retirer de la lecture de cet Evangile. Ne nous laissons pas impressionner par ce miracle . En revanche, soyons attentifs à repérer le mouvement des acteurs de cette scène. Le premier réflexe des Douze est d’acheter : avoir de quoi manger à condition d’avoir l’argent nécessaire pour l’acquérir. En réalité on peut imaginer une façon de vivre qui dépasse celle des échanges économiques. « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » « Donnez ! » Tel est sans doute le mot-clé du texte. Jésus joint le geste à la parole : « Il prit les cinq pains et les deux poissons et les donna à ses disciples. » Ceux-ci à leur tour les distribuèrent à la foule.

 

Pauvreté et abondance

Ce que le récit souligne encore c ’est le contraste entre la pauvreté de ce qui est donné (« cinq pains d’orge et deux poissons ») et la surabondance de ce qui est reçu (« On ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers »). Un autre épisode de la vie de Jésus permet de comprendre. Il regardait les passants devant le Temple faisant une offrande dont beaucoup, semble-t-il, étaient généreux. Il vit une pauvre femme donner les quatre sous qui lui restaient pour vivre : « Celle-ci a donné beaucoup plus que les autres » remarqua Jésus. De même le prix de la nourriture distribuée aux foules ne se mesure pas à l’argent nécessaire pour se la procurer. La saveur du pain dépasse infiniment le prix qu’il aurait fallu pour l’acheter. Le pain n’a vraiment du goût que lorsqu’il est reçu et donné.

Ce récit est à méditer en ce jour où nous fêtons le corps et le sang du Christ. Corps et sang de Jésus sont « livrés pour la multitude ». La manière dont Paul présente ce don que Jésus fait à l’humanité est impressionnante. Se donner c’est s’abandonner. Il se vide de lui-même et de sa dignité de fils du Père. Quand il n’a plus rien à donner alors le don est parfait : ce corps essoufflé sur la croix ne vaut plus rien. C’est pourtant le plus beau cadeau qui ait jamais été fait à l’humanité. De ce cadeau le pain et le vin de l’Eucharistie sont le signe sacramentel. « Manger de ce pain-là » devrait changer la vie.

Changer la vie

Changer de vie consiste à changer de regard. On oublie que notre existence de chaque jour est don de Dieu. Nous pourrions ne pas être. Il faut peut-être écouter ceux et celles qui ont traversé une grave maladie. Quand on a échappé à la mort, la lumière du jour n’a plus la même couleur. Elle est plus précieuse que tout l’or du monde puisque nous découvrons qu’elle nous vient « par-dessus le marché ».

Changer de regard conduit à regarder autrui d’une certaine façon. Celui ou celle qui viennent à moi sont don de Dieu : sachons les accueillir pour ce qu’ils sont ...


Michel Jondot

 

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