Les saints de la porte d'à côté
Des fidèles au Seigneur Jésus et à son Evangile
Ce dimanche 31 mars 2019 avait lieu à Hénin-Beaumont la dernière conférence organisée sur le thème de la sainteté pour notre doyenné. Elle avait pour intitulé :
« les saints de la porte d'à côté ». C'est le Père Raphaël Buyse membre de la « Fraternité diocèsaine des parvis » qui était chargé de l'animer.
Après que Vincent Blin Vicaire général eut fait les présentations à une assemblée bien garnie, le Père Raphaël entra dans le vif du sujet. Il commença par nous parler de la vie de Madeleine Delbrêl. Quoi de plus naturel pour illustrer la sainteté au quotidien que d'évoquer le parcours de celle qui a consacré une grande partie de sa vie au service du prochain.
Madeleine naquit en 1904 dans le village de Mussidan en Dordogne. Fille unique de parents pas très assortis : Jules son père un homme quelque peu extraverti et sa mère Lucile au contraire très discrète, Madeleine confiera qu'à l'image de sa famille elle était faite de tout. Nous verrons au fil de son histoire ce que cela signifiait.
Suite à la nomination de son père comme chef de gare à Paris la famille s'installe dans la capitale en 1916. Nous sommes en temps de guerre avec toutes ses horreurs et Madeleine considère que la vie n'a pas de sens. Elle devient athée : « on a dit que Dieu est mort ; puisque c'est vrai il faut avoir le courage de ne plus vivre comme s'il vivait ». Quelque temps plus tard elle rencontre Jean un beau garçon catholique dont elle va s'éprendre. Mais finalement il va rentrer dans les ordres ce qui va bouleverser la vie de Madeleine et l'amener à reconsidérer sa position : « Et si Dieu existait » s'interroge-t-elle ? D'une foi "intellectuelle" elle finit peu de temps après par rencontrer Dieu qui va l'éblouir. Elle découvre alors que lorsqu'on est croyant, on l'est pour le monde entier. Par Jésus on ne peut aimer Dieu sans aimer son prochain. Elle rêve de devenir carmélite mais les circonstances et notamment l'état de santé préoccupant de son père feront qu'elle deviendra chef scout avant d'exercer le métier d'assistante sociale. Avec deux autres personnes qui deviendront ses amies elle décide d'aller vivre sa vie au service des autres à Ivry- sur- Seine une ville ouvrière dans la banlieue rouge de Paris. Là vivent beaucoup de chômeurs, de familles en difficulté ; la condition ouvrière est rude et les injustices sociales nombreuses.
Madeleine va vivre l'Evangile au coude à coude avec les gens et partager sa richesse qui est Dieu avec ceux qu'elle côtoie. Elle meurt le 13 novembre 1964. Le pape François, en 2018 autorise la Congrégation pour la cause des saints à promulguer le décret en reconnaissant les vertus héroïques de Madeleine Delbrêl, lui attribuant ainsi le titre de vénérable. C'est la première étape avant qu'elle ne soit déclarée bienheureuse.
Les enseignements que nous pouvons retenir de la vie de Madeleine pour caractériser la sainteté c'est que celle-ci anime souvent des gens ordinaires qui acceptent de laisser l'Esprit du Seigneur traverser leur histoire, passer dans les méandres de leur vie. Des gens qui vont s'enraciner dans la terre d'un évangile et se laisser assimiler par sa Parole. On devient alors celui qu'on reçoit.
Après un temps d'échange et de partage le Père Raphaël nous a proposé un texte de Madeleine propice à la méditation :
« C'est le 14 juillet.
Tout le monde va danser.
...
Et moi je pense
A l'autre roi,
Au roi David qui dansait devant l'Arche.
...
Apprenez nous Seigneur à revêtir chaque jour
Notre condition humaine
Comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous
...
Faites-nous vivre notre vie,
Non comme un jeu d'échecs où tout est calculé,
...
Mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle,
...
Seigneur venez nous inviter ».
Extrait de Nous autres, gens des rues
Christian Houdart