Intimité

vivre avec le Seigneur des instants de repos

guide moi guide moi  

Que je vous raconte une chose incroyable. Ce soir là j'étais dans l'angoisse. Une décision difficile à prendre. Le sentiment d'avoir été trahi. La honte, la désolation.

 

Que faire alors ? Me taire, subir l'humiliation ? L'agresser comme elle m'a agressé ? Rameuter tout le quartier ? Que va-t-elle dire, si je fais ça ? Elle va chercher à se venger, c'est sûr. Et si je ne le fais pas, je resterai l'humilié, le perdant.

Je risque de le regretter longtemps. Même si le temps guérit bien des plaies. Mais peut-on s'y fier, au temps ? Il nous joue bien des tours, lui aussi.

 

Chargé de toutes ces reflexions, lourd d'elles, je suis allé m'asseoir dans un coin, la tête entre les mains. Je voulais que ce bruit dans ma tête s'arrête.

Et soudain, au bout de quelques instants, tout s'est arrêté. Le bruit, et l'angoisse, tout avait disparu. Sans que je sache comment.

Une seule chose est sûre : je n'y étais pour rien.

Je ne sais plus quelle décision a été prise. A vrai dire je ne me souviens même plus de quoi il s'agissait exactement. Ce que ma mémoire a seulement conservé, c'est la paix soudaine et durable qui s'est installée. Elle est encore là, des années après, vissée au fond de moi, dans mon intimité.

Je ne vais pas vous mentir : de telles expériences m'arrivent quelquefois. Pas très souvent. Mais c'est suffisant pour que, d'un tourment à l'autre, j'arrive quand même à tenir.

Je ne peux pas croire qu'il s'agisse d'un hasard, encore moins de ma seule force.

C'est trop fort. Et forcément quelqu'un d'autre, plus puissant, plus tenace, est à l'origine d'un tel exploit. Il n'est que de se remettre à lui, de lui abandonner tout raisonnement, toute volonté.

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"Dans l'oraison l'eau de la grâce coule de la source (...). La volonté trouve alors un repos si intime en Dieu, qu'elle en est toute troublée (...). Pourtant elle ne doit pas en tenir compte. Au contraire, elle doit s'abandonner dans les bras de l'amour (...). L'âme découvre alors, en elle-même, une dilatation qui augmente au fur et à mesure que l'eau s'y déverse. Voici comment se manifestent cette suavité et cette dilatation intérieures..." (Sainte Thérèse d'Avila, le LIVRE DES DEMEURES (4ème demeure, ch.3)

 

 

 

Il semble que seule une femme peut ressentir, et écrire, des choses pareilles. Pourtant l'on trouve les mêmes sensations, plus exaltées parfois, chez Saint Jean de la Croix. Et sans doute chez bien d'autres personnes, qui ne disent rien, qui gardent tout cela caché au fond d'elles, en secret.

 

 

Que rien ni personnbrasdejesus brasdejesus  e, Seigneur, et surtout pas moi-même, ne m'empêchent de vivre avec toi ces instants de repos, dans tes bras, l'un et l'autre ne faisant plus qu'un.

Ainsi j'échappe à tout contrôle. Nous devenons, toi et moi, très libres.

Libérés de toute crainte.

Même si cela ne dure qu'un instant, qu'un éclair. J'en ai assez.

De toute façon, c'est toi qui décides.

 

 

 

 

Jérôme van Langermeersch

mai 2016