Une réflexion après Parole en fête

CONVERSION : Ouvrir grand la fenêtre, regarder au dehors, et surtout vers le haut, vers le ciel.

dieu et oiseau dieu et oiseau  Dimanche dernier à Notre Dame de Libercourt, nous étions un petit groupe réuni pour « Paroles en Fête ». Le texte choisi était le chapitre 13 de l'Evangile selon Saint Luc : « si vous ne vous convertissez pas, vous aussi vous périrez » Dans d'autres traductions on trouve « si vous ne vous repentez pas... » ou encore : « si vous ne faites pas pénitence.. ».

Si je ne me tourne pas vers Dieu, je serai châtié, comme l'a fait Pilate à l'égard des Galiléens, « mêlant leur sang à celui de leurs propres sacrifices ».

 

Nous n'avons pas réussi à vraiment nous entendre sur le sens à donner à ces propos terribles. Ce thème du Dieu vengeur et destructeur, on le trouve plutôt dans l'Ancien Testament. On nous dit que Jésus, au nom de son Père, est venu nous apporter de Lui une autre image – l'amour, le pardon, la réconciliation.

Alors notre animatrice nous a entraîné sur un tout autre terrain.

Elle nous a demandé « selon vous, à quoi reconnaît-on la présence de Dieu ? »

Une femme a répondu (ce ne pouvait être qu'une femme) : « les oiseaux, les fleurs ».

 

Etonnant, non ? Et pourtant cela m'a rappelé qu'un jour, en écoutant un oiseau chanter, peut-être en me mettant à sa place, je me suis senti comme happé. Je devais prendre une importante décision, et celle que j'ai prise à ce moment précis m'a apaisé. L'avenir m'a montré que c'était la bonne décision – comme si le chant de l'oiseau était en fait un langage, une réponse à ma crainte du moment.

Pour moi c'est Dieu qui est là à l'oeuvre. Lui qui donne aux oiseaux du ciel tout ce dont ils ont besoin, sans qu'ils aient rien à demander.

Je ressens sa présence lorsque je m'absente – de moi-même. Lorsque soudain mes angoisses s'apaisent, sans raison, et sans que je fasse quoi que ce soit pour cela.

Je n'ai même pas besoin de prier. C'est magique.

 

Mais ce n'est pas si simple. Il semble qu'il faille sans cesse recommencer. Car très vite les inquiétudes reprennent. Elles aussi souvent sans raison. Quand j'ai froid à l'intérieur, quand les oiseaux se taisent, quand il n'y a plus de fleurs. Même par grand beau temps, c'est l'hiver dans mon cœur. Je n'ai plus le souvenir de ce temps béni – même si c'était il y a cinq minutes.

Alors vite, vite, sortir de ce trou noir. Ouvrir grand la fenêtre, regarder au dehors, et surtout vers le haut, vers le ciel. Alors il peut se passer des choses inespérées.

Cela aussi est très étonnant. Un jour je me trouvais au marché de Wazemmes, au milieu de la foule bruyante et allant en tous sens. J'étais inquiet – non à cause d'elle, mais d'un conflit qui paraissait sans issue, et que je gardais en mémoire.

Le blocage. La haine, de part et d'autre.

Sans que je le veuille mon regard s'est porté vers un peuplier, il l'a suivi jusqu'à la cime, et au-delà.

Au-delà c'était le ciel, et un peu de soleil.

J'y ai vu disparaître, littéralement, la personne qui m'en voulait tant. Il n'y avait plus de conflit à résoudre, puisque son objet n'existait plus.

J'y ai vu un miracle. Et la main de Dieu – au-delà du soleil.

 

Nous devons nous repentir, nous convertir, si nous voulons échapper à la sentence divine.

Il arrive que nous n'ayons même pas à faire cet effort. Ça vient tout seul.

 

En écoutant un oiseau, en regardant une fleur. Un arbre.

Profitons-en car ce sont des espèces en voie de disparition, comme la nôtre, l'espèce humaine.

A cause de leurs égoïsmes, de leur inconscience, les êtres humains sont en train de détruire le monde, et eux avec.

 

Oui, vraiment, nous devons nous convertir.

Changer nos comportements de façon radicale et urgente.

Et pour ça nous n'avons pas besoin de Dieu.

 

Jérôme van Langermeersch le 27/03/2019